Les Collectivités Territoriales plaident pour un vrai projet d’investissement et de relance socio-économique par le très haut débit.

Les États généraux des Réseaux d’Initiatives Publiques, qui se sont tenus 12 mars 2012 à Deauville, ont été résolument tournés vers le volontarisme et l’action. Enfin, en France, on a pu écouter une autre musique que celle des plans de réduction de la dette. Enfin, des élus reprenaient le chemin de l’investissement créateur d’emplois et de nouvelles ressources. Enfin… Comme à Aurillac en 2011, beaucoup d’entres-nous ont quitté la Normandie en ayant le sentiment qu’une nouvelle étape avait été peut-être franchie. L’avenir le dira. L’enjeu consiste désormais aussi à se mettre collectivement en mode projet inter-RIP. Le Très Haut Débit exige en effet que les Collectivités Territoriales, les opérateurs et les aménageurs numériques s’associent vraiment à l’échelle nationale. La réussite du THD ne pourra se faire sans cela.

Les planches de Deauville, ce 12 mars 2012, résonnaient d’accents du Jura, du Limousin, d’Auvergne, de la Drôme, de la Lozère ou de l’Ardèche. Il s’y mêlait le doux bruit des titis parisiens, des amis de la Moselle ou de la Nièvre. On y repérait aussi bien d’autres intonations qui toutes avaient choisi ensemble de faire un saut de 10 ou 15 ans pour construire la socio-économique numérique de demain matin. Enfin.

La fibre pour tous, un enjeu prioritaire et un levier clé

Pour toutes les Collectivités territoriales présentes, comme pour les 91% des 80 qui avaient répondu à l’enquête brillamment présentée par Agnès Huet, du Comptoir des Signaux, le développement du Ftth s’impose bien comme un enjeu prioritaire. Les Collectivités Territoriales interrogées annoncent en effet l’émergence d’une nouvelle économie du très haut débit. Elles estiment que le THD peut aussi apporter une contribution décisive pour renforcer la compétitivité de l’ensemble des autres acteurs de l’économie. Selon elles, le THD peut contribuer à « pallier la disparition ou la raréfaction de certains services dans les campagnes tout en maintenant une qualité de vie ».
 Il entretient aussi « une relation étroite avec le développement durable ». A ce titre, il doit permettre de « développer de nouvelles formes de proximité» et «d’accompagner la mise en place de nouvelles solidarités
intergénérationnelles ». Il participe également de «la transformation de l’économie locale traditionnelle ».

Fortes convictions donc. On comprend dés lors pourquoi la quasi totalité des RIP envisage de mettre en œuvre un volet Ftth, souvent via une extension des réseaux de dégroupage déjà déployés.

Mais un cadre financier et réglementaire à revoir

Les Etats Généraux des RIP auront toutefois aussi été une nouvelle occasion de mesurer à nouveau l’ampleur des désaccords des Collectivités Territoriales en matière de péréquation, ou plutôt d’absence de péréquation, et de convention claire, ou plutôt d’absence de conventions claires, avec les grands opérateurs, par exemple pour les zones dites « AMII », celles où ces grands opérateurs ont annoncés leur volonté de déployer des réseaux THD. Ces sujets avaient été au centre de bien des réactions ; on a toutefois pu mesuré à Deauville à quel point ces réactions dépassaient les camps partisans et les débats politiciens. Le cadre réglementaire et contractuel actuel du THD doit être revu ou à minima précisé. Cela ne fait désormais plus aucun doute pour la majorité des élus territoriaux lancés dans des actions d’aménagement numérique.

Des engagements à contractualiser

De manière générale d’ailleurs, l’enquête déjà mentionnée révèle que l’environnement économique rend les collectivités sceptiques vis-à-vis de la volonté et de la capacité d’investissement des opérateurs privés dans le FTTH. 61,7% ne croit pas aux annonces faites par les opérateurs privés et 70,8% des collectivités restent persuadées que ces opérateurs vont devoir procéder à des arbitrages financiers dans lesquels ils pourraient bien privilégier leurs investissements dans le mobile. L’ombre de Free plane ici aussi.

Raison de plus pour clairement caler les droits et devoirs de chacun. Cela aura été aussi l’un des leitmotivs de Deauville. Impossible de réserver de fait des zones entières sans cadre contractuel précis, et sans pénalités en cas de non respect des annonces. On verra bien si les SDANT, les SCORAN ou les CCRANT seront à la mesure de ces enjeux… En tout cas, l’objectif est clair : contractualiser vraiment et se mettre vraiment d’accord sur des modes de suivi et d’informations réguliers. Dans ce domaine, se joue sans doute le devenir des coopérations collectivités, aménageurs, opérateurs et, a-t-on entendu ici et là, la crédibilité de l’État.

Le rythme du THD sera donné aussi par les Collectivités territoriales

Bien sûr, il faudra sans doute au moins deux décennies pour réussir. Il faudra même d’ailleurs s’imposer, efficacités financière et opérationnelles obligent, de prendre tous les temps nécessaires :

  • le temps d’optimiser l’utilisation des infrastructures existantes ;
  • le temps indispensable pour poser des fourreaux de réserve, comme à Morcenx par exemple,
  • le temps de co-investir aussi avec les autres acteurs des réseaux d’eau, d’électricité, de gaz…
  • le temps des documents de planification et de co-construction qui permettront de ne pas ouvrir partout et à tout bout de champs lorsque cela n’est pas nécessaire ;
  • le temps de contractualiser clairement les accords et de prévoir aussi ce qui se passera en cas de non respect desdits accords ;
  • le temps de s’associer sur des solutions d’information, de supervision et d’exploitation communes au niveau national.

Beaucoup reste donc à faire. A l’issu de ces États Généraux des RIP, le sentiment qui domine toutefois incite à un relatif optimisme. Je garde par exemple en mémoire les interventions dynamiques du maire de Deauville, Philippe Augier, lorsqu’il explique à quel point désormais les Collectivités et les aménageurs numériques territoriaux sont bien sortis de l’adolescence et comment ils ou elles entendent donc jouer un rôle correspondant à leur maturité numérique. Le discours de J COUTANT, au nom de l’Arcep, a d’ailleurs confirmé cette place des collectivités.

Ambition en matière de THD, convictions fortes, plaidoyers pour redonner à notre pays le goût de l’investissement, quel chemin parcouru ! Les déjà vieux acteurs-observateurs du THD de notre espèce, Jean-Michel Billaut, Pierre Ygrié, Marc Duchesne, Michel Lebon, et tous les autres auraient eu un grand sourire au coin des lèvres, un sourire nourri du sentiment, peut-être, de sortir de la clandestinité ! J’exagère sans aucun doute, que l’on me pardonne, mais ceux qui ont connu la solitude du THD des années 2002 – 2008  comprendront.

Les territoires, et « leurs » aménageurs numériques, Axione, Covage, Tutor ou Altitude, ont donné une première impulsion. Quelques-uns des « grands » opérateurs veulent désormais agir THD et ont déjà ouvert quelques plaques Ftth, c’est le cas de France Telecom par exemple. Espérons qu’ils ne feront pas comme Free et sa communication THD en milliard d’euro dont on entend plus parler… Espérons aussi qu’ils deviendront vite rapidement clients des RIP. SFR l’a fait à Pau Pyrénées par exemple et, d’ailleurs, sur des prises allumées. Bouyques devrait le faire rapidement, par exemple à Aumont -Aubrac. France Telecom a reparlé à Deauville de la Manche et de Pau Pyrénées. A suivre donc car c’est là un signe qui manque encore cruellement.

Par-delà ces chantiers déjà ouverts, j’ai  l’impression que Deauville confirme enfin l’importance de nouveaux défis. Mise au point de plate-forme commune d’exploitation inter-plaques, interconnexions entre plaques, mise au point de solutions de réseaux de collecte à la mesure des besoins du THD, construction de solutions de financement et d’emprunt adaptés, expérimentations de services THD d’intérêt public, le projet ne fait que commencer et la maturité numérique des territoires est sans doute à ce prix. Raison de plus pour ne pas perdre de temps pour vraiment lancer ce formidable investissement d’avenir.

21 commentaires sur “Les Collectivités Territoriales plaident pour un vrai projet d’investissement et de relance socio-économique par le très haut débit.

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  1. Étonnant : les RIP ne mettent en avant :

    1/ Ni leurs prérogatives de puissance publique (au moins au titre de l’égalité des citoyens devant la loi) ;
    2/ Ni le caractère sans bases juridiques de la réglementation ARCEP/élites nationales « pantouflantes ».

  2. Bernard, je n’ai pas rendu compte de tous les échanges. Dans les prises de parole, l’absence de bases juridiques du plan national THD a été par exemple plusieurs fois signalé.

  3. Chapeau pour ce super article ! comme dab;-)
    En Gévaudan la « bête » est contente même si le chemin sera encore long, très long quand on connait le » niveau » des candidats à l’élection présidentielle !
    A la question « les candidats sont-ils clairs avec leur politique numérique ? » 3 % des internautes répondent « oui », 65% non et 33 % n’en n’ont pas entendu parler (sondage récent de 01NET) . Plus rigoureux mais tout autant révélateur, un sondage Ifop a demandé aux Français quel était le candidat qui, selon eux, incarnait le mieux “la société moderne à l’ère d’Internet”. 49% des interrogés estiment qu’aucun des candidats ne représente cette “société moderne.
    Heureusement Nicolas Sarkozy a dit à Villepinte ( aucun média n’en a parlé) “Je veux faire de la France d’ici cinq ans le pays le plus avancé dans la révolution écologique et la révolution numérique. L’enjeu est le même aujourd’hui qu’au moment de la révolution industrielle,qu’à l’orée des Trente Glorieuses. Un nouveau modèle de croissance émerge : la France ne doit pas être en retard. Elle ne doit pas suivre le mouvement, elle doit le précéder !”
    Je suppose qu’il va concrétiser ces belles intentions prochainement puisque tous les candidats sont invités à faire connaitre leur « vision » du territoire dans les prochaines semaines !
    http://www.acteurspublics.com/article/13-03-12/les-candidats-interpelles-sur-leur-vision-du-territoire

  4. Jean-Pierre,

    Même si je sais que tu réagis vite, j’avais été pompé l’intervention d’Agnès Huet ( et du SIDEC) sur internet.

    Le plan de financement du SIDEC me paraît délirant : à ce prix là, il serait de meilleure gestion de dégrouper tous les NRA (80% sont fibrés) du Jura. (On se croirait à Aumont Aubrac !!!! C’est 3 fois le coût estimé par l’ARCEP qui ne roule certainement pas pour l’acteur rural de base). Et mettre la pression sur FT afin qu’elle maintienne en (bon) état de marche le patrimoine réseau national en Jura. C’est ce que je dirais au département du Jura, si j’étais Madame Europe, Madame France ou la Cour des Comptes. Il me semble que les jurassiens serait très joyeux de disposer de 20 ou 30 M/s pour 9 ou 10 € par mois.

  5. Sur tous les RIP présents à Deauville, combien il y en a-t-il sur la logique du premier mètre ou plutôt (faut pas être trop étriqué) du premier kilomètre ?

  6. Bernard, pourquoi poses-tu ce genre de question ? Tu connais parfaitement la réponse…
    Pour ma part, je trouve le propos de Jean-Pierre plutôt surprenant par son caractère convenu, et je m’efforcerai d’y répondre un jour… mais en prenant autant que possible un peu de recul.
    Globalement, on voit bien que les RIP sont d’abord, pour faire simple, une logique de déploiement top down… des réseaux physiques… (au grand bonheur des opérateurs dominants ; en confortant l’influence de la pensée techniciste voir transhumaniste).
    Ne pas oublier à la décharge des élus… que leur logique d’action « élective » est de « répondre aux aspirations de modernisme de leurs concitoyens », donc « de fournir du réseau », et non de leur donner la main (courbe d’apprentissage) pour réussir « leur numérique du premier mètre »… et garantir leur employabilité future…
    Ce sont les tenants du rôle des infostructures… et des initiatives citoyennes qui devraient bondir 🙂

  7. Je ne crois pas que ce soit si simple. Si tu prends les élus de base, j’ai toujours l’impression de parler chinois avec eux en expliquant les choses les plus simples (comme la mutualisation de la bande passante disponible au niveau SR). Si tu prends les élus un peu plus au jus (comme LEROY ou MAUREY), tu as l’impression qu’il ne savent pas de quoi ils causent.

    Ceci dit, il ne me parait pas impossible qu’existent des RIP avec un projet sur le premier kilomètre ou ce serait à désespérer de l’intelligence humaine. Lorsque tu lis le pauvre point du SIDEC, tu constates une analyse au vitriol (administratif, pas très fort) des faits, puis un ensemble de décision qui ont plutôt tendance à renforcer les errements constatés qu’à les corriger. Il y a tout de même quelques différences de niveaux entre, par exemple, Manche Numérique ou le RIP de la Comcom de la Côte d’Opale.

  8. Ce n’est pas si simple que cela. Lorsque je parle avec les élus de base, j’ai l’impression de parler chinois (même sur les choses aussi simple que la mutualisation de la bande passante au SR) ; lorsque tu entends causer les élus un peu plus au jus (comme MAUREY ou LEROY), j’ai l’impression qu’ils ne savent pas trop de quoi ils parlent.

    Ils existent forcément des RIP qui réfléchissent sur la logique du premier km ou alors il faut désespérer de l’intelligence humaine. Il y a tout de même des RIP qui travaillent sur des projets sympa comme Manche Numérique ou la comcom de la Côte d’Opale. Si tu lis le pauvre point du SIDEC, il y a l’analyse au vitriol (administratif, pas trop violant) des errements systémiques ; puis tu vois que les propositions vont plutôt vers le renforcement de ces errements que vers la prise en main de l’autonomie.

    Jean-Pierre (à mon avis) analyse juste lorsqu’il constate que des discours tenus à Deauville étaient indicibles, il y a seulement six mois.

  9. Tout à fait d’accord malheureusement sur cette logique Top-Down, qui, il faut le dire clairement, favorise les acteurs nationaux en place plutôt que l’émergence de FAI locaux.

    Il suffit de regarder cet article:
    http://www.zdnet.fr/blogs/infra-net/du-cloud-computing-franc-comtois-comment-et-pour-quoi-faire-39766890.htm :
    Des millions d’euros pour inonder une région d’une fibre…. et des habitants sur le chemin qui resteront, durablement, au 512K.

    *POURQUOI* ne serait-il pas possible de réserver, je sais pas moi, peut-être juste 6 fibres sur les tuyaux de 192 FO qu’ils passent et de livrer *systématiquement* ces 6 fibres dans chaque mairie des villages traversés, voire même directement dans les chambres souterraines si ils ne veulent pas payer pour le petit bout de génie civil.

    Je parle bien sur de « toujours les mêmes » 6 fibres (donc, en fait, qui fait un « arrêt » à chaque village, en rang d’oignon), mais ensuite, les mairies (ou leurs représentant) fond ce qu’ils veulent avec « leurs » 6 fibres, bien sur en se coordonnant avec les autres mairies pour l’exploitation (Choix & mise en place des équipements actifs, plans d’adressage IP,…) quitte à embaucher des professionnels, d’origine locale et ayant un intérêt direct au projet, pour réaliser ceci.

    Et c’est à partir de là qu’on pourrais avoir des projet de FTTH en bottom-up, donc fibrer d’abord les habitants , en particulier ceux qui ont la « chance » d’avoir une ligne de cuivre très longue, et ainsi créer un modèle de réseau activé « municipal »….comme cela marche déjà très bien dans d’autres pays depuis 10 ans…
    A la limite, j’irais même jusqu’à dire que le réseau FTTH du dernier kilomètre ne devrais pas être subventionné (en tous cas pas par les subventions nationales ou régionales) mais construit à la fois par les habitants (que ce soit en auto-construction ou en finançant des professionnels, lesquels peuvent tout a fait être les cantonniers municipaux…) et la mairie, mais toujours en gardant une échelle locale.
    Et en plus si ce réseau est exploité, ensuite, directement par la mairie ou par un délégataire local, on pourrait commencer à imaginer des services à porté locale, impossible à concevoir autrement.

    Cette idée n’empêche en RIEN les FAI nationaux de poursuivre leurs plans de créer une multitude de NRA-MED partout, reliés en optique via le réseau RIP sur les 180 fibres qu’il reste, pour proposer…essentiellement de la TV !!
    On peux même imaginer que les 2 ne sont pas incompatibles, une personne peux très bien décider de souscrire un abonnement à l’opérateur historique pour avoir 130 chaînes de TV et utiliser la fibre pour Internet & les services locaux (Ca tombe bien, les FAI nationaux sont de plus en plus mécontent de devoir fournir un réseau Internet fixe de qualité et préfèrent investir sur le mobile et la TV. Déchargeons-les donc de cette « contrainte » de devoir fournir de l’IP !!!!).

    Or, là, on « offre » un marché naissant aux FAI nationaux, sans contrepartie, et ces derniers, les rares fois où ils tiennent leurs engagements, en profitent non seulement pour proposer leurs propres services, mais aussi & surtout pour exclure *les autres FAI* de proposer leurs services simultanément.
    Pourquoi un tel manque d’ambition et de confiance dans nos fonctionnaires ? Poser & organiser un réseau c’est pas vraiment simple, mais c’est pas non plus d’une complexité extrême, et les techniques sont bien maîtrisées à présent.

  10. Un autre article sur le sujet:
    http://www.zdnet.fr/blogs/infra-net/quel-est-le-vrai-prix-de-la-fibre-optique-pour-les-pme-exemple-ahurissant-a-lambesc-dans-les-bouches-du-rhone-39769588.htm

    Cet exemple est caractéristique: Cette histoire se répète *partout* sur le territoire, j’ai eu l’occasion de tester…
    Les délégants devraient tous s’unir et pousser un énorme coup de gueule, voire même carrément reprendre possession de LEUR infrastructures si besoin est : Après tout, dans le domaine de la gestion de l’eau, les quelques villes qui ont donné en gestion privée le service d’eau potable s’en sont mordu les doigts et reviennent en arrière dès que le contrat de délégation est terminé…

    Ce genre d’histoire fait que *à mon avis*, les sociétés privés nationales ne PEUVENT PAS être digne de confiance pour la pose des infrastructures d’utilité publique, et ce quel que soit le contrat signé. Elles ont par contre leur place dans l’offre de service aux abonnés (dans une logique concurrentielle), à condition qu’il n’y ai pas d’exclusivité d’utilisation des infrastructures.

    Pour une région, « donner » son réseau à SFR comme ci-dessus c’est s’assurer que le service aux abonnés ne sera pas rendu. Surtout si la région a financé en amont. Tout simplement parce qu’une société privée fait ses calculs de rentabilité à court terme, voire très court terme (et qu’il n’y a pas de gros risques *personnel* pour les dirigeants à ne pas exécuter un contrat), alors qu’une collectivité réfléchi à très long terme.
    Cette inégalité de pensée fait que le modèle n’est pas viable . Ou alors il ne faut pas que les collectivités payent tout d’un seul coup, mais débloque les fonds au fur & à mesure de l’avancement du projet, à condition que ça se passe bien, et en ayant le pouvoir de renvoyer *à tout moment* un délégataire indélicat. Pensez-vous que Pau serait encore dans l’état actuel si ce genre de management avait été utilisé ?

  11. Les deux cas signalés par Obinou paraissent déplorables au regard de la logique FTTH (y compris les mix de techniques optimisés). Il semblent que nous sommes confrontés à une stratégie des réseaux de transport qui taillent leur féodalité en utilisant (1) les moyens de la puissance publique (nous avons déjà vu le même processus en matière de réseau d’eau potable … mais aussi de banque) afin de passer et de financer leurs actifs sur fonds public ; (2) la soi-disant demande industrielle des entreprises locales (le backbone Franche Comté semble être uniquement justifié par les « besoins » de 110 entreprises bizontines !!!) ; et une « stratégie » du cash des FAI grand public qui campent sur le monopole de l’opérateur historique.

    Nous pourrons militer jusqu’à plus soif pour des propositions géniales afin de mettre en oeuvre l’économie de la connaissance aux fins fonds des espaces ruraux, l’équation restera non aux techniques sans péage, non au développement local non industriel

  12. Je me suis mélangé les pinceaux : la communauté de communes Cœur-Côte Fleurie à Deauville à la place de « la comcom de la Côte d’Opale ». Mille excusez- moi.

  13. En rapprochant : (1) l’édito de Silicani dans la lettre de l’ARCEP du 23 mars ; (2) le discours de Jérôme COUTANT à Deauville ; (3) l’arrangement Manche Numérique/FT, nous pouvons émettre l’hypothèse que les politiques et les industriels du net en France ce sont mis d’accord (à peu près définitivement) afin de favoriser l’exploitation industrielle de la ressource de la connaissance et de l’information (ce qui est plus ou moins baptisé dans ces milieux d’un terme qui se mord la queue de « capitalisme cognitif »).

    Si l’hypothèse se confirme, nous verrons brûler les alternatifs de l’internet gratuit et flamber les coûts du déploiement du système national et de la bande passante. C’est tout de même de la stratégie à la fois complexe et à court terme.

  14. Juste une petite intervention: On parlais à un moment de la nécessité de prévoir les services locaux au sein du SDTAN et pas seulement les infra.

    Voici un article qui présente quelques exemples de ces services nouveaux apportés par Internet, en particulier les aspects locaux:
    http://www.pcinpact.com/news/69775-edito-estonie-internet.htm

    Un élément à prendre en compte, c’est qu’en Estonie il n’y a pas de « box internet forfait tout compris », comme chez nous. Bon ce n’est pas la seule raison bien sur… Mais ça joue, c’est sur:
    Le Minitel était certainement une innovation quand c’est sorti. Mais ensuite, les modems et les ordinateurs personnels ont donné naissance aux BBS (Qui avaient une architecture décentralisé, là ou le minitel était monopolistique par nature).
    Les box c’est la même chose… C’est échanger une certaine simplicité d’usage contre un immobilisme permanent.
    Aujourd’hui, on mesure les conséquences de cet immobilisme de ce manque de vision à long terme.

    Est-ce une maladie bien Française, de ne pas concevoir de solutions autrement qu’en monopoles (ou oligopoles) nationaux ?

  15. Bien intéressant ce rappel des projets estoniens. Merci beaucoup. Je ne me souviens plus en revanche comment et par qui sont distribués ces services sans box et comment est organisée la gestion des infrastructures. Le sais tu ? Ou qui le sait ?

  16. Bretagne et Haute Marne :

    Les collectivités territoriales de Bretagne – Conseil régional, Conseils généraux des Côtes d’Armor, du Finistère, de l’Ille-et-Vilaine et du Morbihan, agglomérations et pays de Bretagne – se sont regroupées pour développer le projet « Bretagne Très haut débit », premier volet de la mise en œuvre du Schéma de cohérence régional d’aménagement numérique (SCORAN).
    Ce projet de déploiement de 185 000 lignes en fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH), dont la moitié en zone rurale, s’inscrit en complémentarité des projets de déploiement des opérateurs privés dans les principales agglomérations bretonnes. En intégrant les lignes FTTH déployées par ces derniers, ce sont ainsi 875 000 abonnés qui seront raccordés à moyen terme au très haut débit, soit 53 % des abonnés à l’échelle régionale. Le projet inclut aussi un volet « Montée vers le très haut débit » qui permettra d’améliorer les débits de plus de 50 000 lignes existantes et préparera leur passage ultérieur au FTTH. L’Etat, via le Fonds national pour la société numérique (FSN), financé par le programme d’Investissements d’Avenir, cofinancera ce projet à hauteur de 66 millions d’euros.
    Le Conseil général de Haute-Marne, en application de son schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN), va poursuivre son action en faveur de l’aménagement numérique de son territoire. Le projet soutenu s’inscrit en complémentarité de l’initiative privée sur les agglomérations de Chaumont et Saint-Dizier. Il va permettre le déploiement d’un réseau à très haut débit en fibre optique sur la ville de Langres et inclura un volet de « Montée vers le très haut débit » sur le reste du département qui permettra d’atteindre un seuil de 99,7 % d’éligibilité DSL et de 92,9 % d’éligibilité à 8 Mbps ou plus, et préparera l’étape suivante de déploiement des réseaux FTTH en zone rurale. L’Etat, via le FSN, cofinancera ce projet à hauteur de 6 millions d’euros.

  17. Encore un exemple:
    http://www.zdnet.fr/actualites/les-google-tv-debarquent-en-france-en-septembre-dans-un-marche-hostile-39770284.htm : Le dernier paragraphe indique bien que les Box en France, si elles étaient novatrices lors de leur sortie, sont désormais un frein à l’innovation, particulièrement l’innovation externe (seules les boites de télécom peuvent innover dans ce domaine, exemple: http://www.maison-et-domotique.com/2011/05/18/domotique-sfr-entre-dans-la-course-aussi/ )

    Concernant l’Estonie:
    Le schéma est a peu près identique au nôtre: Un opérateur télécom en situation de monopole (Estonia Telecom) qui s’est trouvé privatisé et mis en concurrence dans les années 1990 via un modèle de dégroupage similaire. Pas de box, en revanche, simplement des modems ADSL ou Câble. Actuellement engagé comme nous dans un plan fibre optique.
    Une différence majeure c’est que les grandes villes sont quasiment 100% couvertes en wifi gratuit, là ou en France c’est très très dur à trouver, hormis le système de partage des box des opérateur. En Estonie, c’est chaque commerce, chaque station-service, qui propose un point d’accès wifi gratuit .

    Au niveau des services (« E-Services » comme ils les appellent), c’est tout de l’IP, l’absence de filtrage de ports ou de restrictions d’usage permettant ceci (essayez donc ça en France, tiens – Sur « sfr-wifi » impossible de faire de la VOIP par exemple)

    Pour la TV je ne sais pas – j’avoue ne pas avoir cherché.

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