Un nouvel opérateur mobile ne fait le Printemps (des réseaux de nouvelle génération)

Cette nouvelle contribution de notre ami(e) RIP confirme le renforcement des tensions en matière d’aménagement numérique du territoire. Alors que les opérateurs intégrés décident de revoir à la baisse leurs plans d’investissements sur le très haut débit, alors que  Sycabel tire la sonnette d’alarme sur la réduction des investissements dans la fibre depuis 2009, alors que le CGI préfère financer des projets de montée en débit, le cadre réglementaire n’est toujours pas stabilisé. Et le très haut débit n’en finit pas, selon RIP, d’attendre de vraies décisions. Permettez-moi une confidence : il pourrait bien avoir raison ! A vous de juger.

Nous venons de connaitre la première victime concrète de l’arrivée de Free Mobile, il ne s’agit pas des milliers d’abonnés d’Orange ou de Free Mobile qui connaissent chaque jour une dégradation de la qualité des services mobiles, mais du Président Directeur Général historique de SFR, Franck Esser ! Curieux monde que celui des télécommunications ! Est-ce vraiment d’ailleurs une démission liée à la perte, en un peu plus de deux mois, de 200 000 abonnés  ou parce qu’il n’a pas pu faire signer le contrat d’itinérance avec Free Mobile ? Que dire alors de la position de Stéphane Richard, l’actuel Président Directeur Général de FT/Orange, qui vend un service de téléphonie mobile qui détériore la qualité de service de ses propres abonnés, mais qui au moins rapporte un milliard et demi d’euros par an à cet opérateur ?

Pompiers Pyromanes !

La situation laisserait à rire si celle-ci n’avait pas des répercussions à très court terme sur l’aménagement numérique de notre territoire ! Contrairement aux dires récents d’un éminent représentant du Commissariat Général à l’Investissement, à l’occasion du dernier GRACO technique du 21 mars 2012, ce ne sont pas les collectivités locales qui sont des « pompiers pyromanes », mais bien les opérateurs qui  essaient aujourd’hui d’éteindre l’incendie qu’ils ont allumé sur le mobile ! Même le Président de l’ARCEP commence à prendre conscience que la situation devient tendue en parlant de « sous-estimation de l’impact de l’arrivée de Free Mobile » !

Dans un secteur des télécommunications pourtant en pleine révolution, tout se passe pourtant comme si le modèle mis en place par le régulateur et le gouvernement, continuait à pouvoir fonctionner pour le très haut débit. Alors que les opérateurs intégrés décident de revoir à la baisse leurs plans d’investissements sur le très haut débit, alors que  Sycabel tire la sonnette d’alarme sur la réduction des investissements dans la fibre depuis 2009, alors le CGI préfère financer des projets de montée en débit qui ne sont que le remplacement des financements auparavant opérés par les Contrats de Projets Etat Régions (CPER), le cadre réglementaire n’est toujours pas stabilisé. Il ne donne par exemple toujours pas de solution pour la gestion des zones de basse densité. Le Sipperec s’en est d’ailleurs ouvert dernièrement dans le cadre de la réunion de la  CCRANT Ile de France : aucune réponse sur qui financera le raccordement des zones pavillonnaires, l’opérateur, la collectivité, le particulier ?

Dans un tel contexte, il n’y a que les commerciaux de FT/Orange qui, comme toujours, agissent sur le terrain de la communication.  A l’instar des chartes des départements innovants de 2008, aujourd’hui nous avons la « convention pour les zones AMII » et la signature, sur une plaque seulement (26000 prises), d’un accord de principe pour venir opérer dans le seul département où il n’y a pas de zone AMII ! En dehors de quelques territoires, FT/Orange n’est toujours client d’aucun RIP, 8 ans après le vote du L 1425-1 !

Le risque est grand une fois de plus de voir les collectivités locales jouer le rôle de « médecins urgentistes » de l’aménagement du territoire pour faire face à la mise en place d’un véritable « Yalta technologique » : la fibre pour les grandes villes, l’offre « PRM » pour le reste et le satellite pour les « malchanceux ». L’affirmation du Sénateur Hervé Maurey dans son rapport au Sénat du 6 juillet 2011 qui indiquait que notre pays risquait de rater le virage du très haut débit, est en train de prendre véritablement corps ! Face à cette démission des acteurs institutionnels, les collectivités locales ont en main leur devenir. Il leur revient notamment le devoir d’interroger l’autorité de la concurrence sur la nature des conventions actuellement proposées et de l’offre « PRM ». A elles aussi d’exiger un engagement des opérateurs au niveau national sur l’offre de services sur les réseaux d’initiatives publiques, afin de mettre fin au chantage de ceux-ci sur les opérateurs d’opérateurs. La période actuelle ne doit pas être une pause dans ce long chemin mais un accélérateur !

RIP.

8 commentaires sur “Un nouvel opérateur mobile ne fait le Printemps (des réseaux de nouvelle génération)

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  1. Face à cette situation intangible car figée par tant d’immobilisme, de méconnaissance, et d’incompréhension des enjeux, et inéluctable car obligée par la nature-même des opérateurs de télécommunications actuels, un seul mot d’ordre :
    « AUX #APPS, CITOYENS ! »

  2. Et en même temps que nous développons nous-mêmes les applications et les services de proximité destinés à nous rendre la vie quotidienne plus facile, travaillons à trouver l’opérateur de services de télécommunications qui viendra bousculer l’ordre établi.
    Comme FreedomPop http://www.freedompop.com/ le fait aux Etats Unis…

  3. « aucune réponse sur qui financera le raccordement des zones pavillonnaires, l’opérateur, la collectivité, le particulier ? »

    Euh…. oui, pourquoi pas *le particulier* ?

    Yen a pas un peu marre de considérer les citoyens comme http://a31.idata.over-blog.com/500×375/1/74/49/41/Poemes/Poemes-sur-les-mois/Nid-avec-oisillons.jpg ?

    Je cherche à acheter une maison, en ce moment. Ben vous savez quoi ? Quand cette maison n’est pas relié au réseau d’eau et d’électricité, ben aussi choquant que ça paraisse, l’acheteur est *facturé* pour ce service, si il veux cette liaison, et c’est pas donné !
    Il y a des terrassiers, des plombiers, des électriciens qui font ces raccordements. Pourquoi ce serait différent en fibre ? Pourquoi les opérateurs (ou les délégataires des RIP/DSP) veulent *absolument* réaliser ces raccordement, mais veulent aussi absolument être payé en amont, si possible par l’état ?

    Et si, en plus, on partais sur une solution de pré-connectorisation des boîtiers de rue (« à la fibtic »), il n’y aurais quasiment pas besoin de formation – juste des précautions d’usage.

    C’est toute la logique de responsabilité qui est à revoir. Si il y a une fuite d’eau dans votre propriété, c’est VOUS qui allez réparer. Pas votre fournisseur de flotte. Idem, donc, ici.

    Certes, il faut un nouveau métier: Artisan poseur de fibre (qui, j’espère, dans 20 ans, sera incluse dans les formations d’électricien). Dans l’intervalle, il y a des gens prêts à aider.
    Il faut juste stopper l’attentisme ambiant et se prendre en main, et tout spécialement dans les campagnes mais aussi dans les quartiers pavillonnaires des villes.

  4. Faut rappeler que le réseau autocommuté a été financé par les abonnés (il représentait un investissement à peu près le double de celui de la fibre à l’abonné et à peu près 20 fois le coût du fibrage de de l’ensemble des sous répartiteurs de France et de Navarre). L’escroquerie d’État est que ce réseau ait été cédé pour rien aux élites de la République pour faire joujoux.

    Si vous voulez tout savoir de la doxa française sur le déploiement du très haut débit, vous imprégnez de l’évangile national, allez lire avec attention l’étude pondue par l’IDATE à la commande du Centre d’Analyse Stratégique :

    http://www.strategie.gouv.fr/content/etude-lacces-au-tres-haut-debit

    Sans confusion, l’étude s’intitule « L’accès au très haut débit ».

  5. Article intéressant:

    http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/exclusif-pres-d-un-appel-sur-deux-tombe-a-l-eau-avec-free-mobile-aux-heures-de-pointe-709036
    En gros, on a le choix entre des opérateurs « historique », de qualité mais très très cher, ou un opérateur à bas coût mais qui marche mal.
    C’est intéressant, car c’est la *première* fois que, en France, un particulier a ce choix-là.
    Dans le monde des lignes fixes, ce sont les fournisseurs qui décident: Un particulier ne peux PAS prendre de fibre ou de SDSL, même si il le veux. Une entreprise, même pour un simple accès ADSL, le paye forcément au prix fort…
    Moi j’aimerais, même si il faut payer les travaux, qu’un opérateur vienne fibrer chez moi, même en payant. AUCUN ne le fera, actuellement.

  6. Je trouve particulièrement étonnant dans un pays où, depuis 2 500 ans (droit romain), l’État a toujours fait payer par les citoyens les « investissement d’avenir », en principe d’avance, il n’y ait aucun projet afin de financer le déploiement de la Fibre Optique par les dits citoyens ; d’autant plus étonnant que ce n’est pas du tout hors de portée : il s’agit (d’après les dernières évaluations de l’ARCEP) d’un investissement de 475 € par ligne fixe.

    Faudrait, tout de même, que finissent par émerger les non-dits sur le sujet.

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