Web et plate-formes de proximités augmentées à inventer

Alors que les discussions sur l’aménagement numérique français prennent de plus en plus d’importance, et c’est légitime, les débats sur les services et les innovations dans ces domaines demeurent encore limités. C’est pourtant sans aucun doute  là que l’on trouvera les gisements les plus structurants de créations de valeur ajoutée et d’emplois. Dans la perspective de ce blog, qui consiste schématiquement à travailler l’intensité de la relations territoires / réseaux / acteurs / numérique, je vais donc progressivement aborder ces domaines déjà esquissés dans un ouvrage écrit en 2000 « Territoires apprenants ».

En matière d’accès au Web, le marché reste caractérisé par l’omnipotence d’offres de services fondées sur une optique triple ou quadruple play, y compris étrangement chez des FAI à dimension alternative, bien silencieux en ce moment dans ce domaine. Ce non-investissement des acteurs Telecom dans le développement de Web solutions de proximité interroge. Signifie-t-il que ce secteur n’est pas financièrement viable ?

Hors ces FAI, il existe pourtant sur la toile une myriade de solutions, d’intérêt et de portée hétérogènes, qui adresse quasiment tous les univers comme le social, les jeux, les services, l’environnement… Mais l’identification comme l’agencement de ces solutions demeurent de l’initiative de chaque internaute. Ces solutions fonctionnent ainsi quasiment en silos autonomes alors qu’elles adressent souvent un même territoire. Elles ne font donc pas plate-forme cohérente de E-territoire ou espace commun numérique de proximité. Faute de formation, faute d’information, faute d’agencement adapté, il en découle ainsi un réel décalage entre les potentialités de ces solutions et leur utilisation effective. Est-il ainsi possible d’agréger des solutions de portée limitée pour en faire un dispositif collectif  local à même d’augmenter la quantité et la qualité ou l’intensité des relations individus / sociétés locales / territoires ? Peut-on d’ailleurs valablement penser et mettre en œuvre un Réseau d’Initiative Publique sans élaborer, en même temps que son Schéma infrastructure, un projet de services de proximité ?  Ce sont ces quelques interrogations qui nous semblent indispensables d’aborder à travers la notion de proximités augmentées.

Les potentialités s’avèrent nombreuses et les réalisations, notamment dans les applications sur Smartphones particulièrement ingénieuses et innovantes. Face à ces potentialités, on reste donc étonné de la relative rareté des initiatives locales dans ces domaines. Trois constats au moins appuient ce sentiment. Le premier tient à la grande faiblesse de solutions existantes à ce jour en matière de services de proximité dédiées entreprises, par exemple pour la gestion animation de zones d’activités, un domaine pourtant fréquemment de compétences publiques et important en termes de compétitivités des TPE. Un second porte sur la faiblesse des initiatives de l’Etat en matière d’identité numérique, un domaine clef peu traitée à ce jour. Le troisième a trait à l’absence, déjà signalée, dans les politiques d’aménagement numérique d’une vraie dimension services. L’absence de liens explicites entre les programmes dédiés infrastructures numériques et les enjeux en matière de services, notamment publics dans le programme national THD et les SDAN en fournit une cruelle illustration. C’est pourtant dans les services que les vraies innovations sont à chercher. Cette vidéo, certes discutable, montre bien les tendances à l’œuvre.

Le web aujourd’hui et demain ?

Et pour compléter voici quelques autres vidéos glanées ici et là comme autant de signes des dysfonctionnements et des points d’efforts à travailler.

La fracture numérique dans le monde. Édifiant… http://data-arts.appspot.com/globe-search

Le poids de l’économie numérique : http://www.la-croix.com/content/download/634655/19161474/version/1/file/document-de-travail-24-Economie-Numerique-Croissance-mai-2011.pdf

Dans la même veine, et puisant aux même sources, il y aussi cette vidéo :

Merci de nous indiquer vos propres découvertes.

4 commentaires sur “Web et plate-formes de proximités augmentées à inventer

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  1. Je ne crois pas au web 3.0, non pas que ce soit impossible à concevoir et à réaliser : c’est simplement très difficile et je pense que d’autres applications plus simples et plus efficaces naîtront avant que web 3.0 soit mis au point (il s’agit d’établir ici et maintenant la relation entre les connaissances nécessaires et toute toute intelligence). Ton propos va plus loin que le web 3.0 mais je trouve dommages de construire tous ses raisonnements sur l’économie de la connaissance en fonction de la puissance du web (qui est incontestable) : à l’échelle du potentiel d’internet et du métabolisme explosif que génère ce potentiel, je prétend que l’application web est un objet paléontologique (excusez moi la métaphore).
    Afin d’expliciter mon point de vue, je vous livre cette citation de Yann Moulier Boutang (in L’abeille et l’économiste : » »On comprend désormais que le codifiable n’a pas beaucoup de valeur, puisqu’il est répétable pour un coût marginal ou nul. Et puisqu’il est toujours répétable à l’identique, il va se dévaloriser, exactement comme dans l’industrie, ce qui mécanisé se dévalorise et finalement ne produit plus de valeur. »

  2. Bernard ce n’est pas tant le web 2 ou 30 qui m’importe. par-delà les quasi marques, c’est plus les tendances lourdes à l’oeuvre qui paraissent utiles à cerner. Elles montrent d’ailleurs de quelles manières nous allons dans une environnement massivement connecté, dans cette ambiance numérique qui par-delà les logiques d’offres de services actuelles, banales, marquera sans doute la vie des digital natifs de ce soir. A l’image de l’arrivée de l’électricité, d’abord destiné à éclairer puis qui est devenue source d’énergie d’une multitudes de pratiques quotidiennes, le web suit le même chemin tu ne crois pas ? Aujourd’hui le triple play est l’éclairage électrique d’hier, la première ampoule à incandescence. Demain il sera source d’énergie de bien plus. C’est demain que nous tentons, sans grands succès encore, de préparer en France non ?

  3. Cela fait partie des choses sur lesquelles nous sommes d’accord. Cependant, nous avons affaire, dans le cas d’internet, à des gens qui sont des adversaires redoutables, à l’esprit faux, pour lesquels tous les coups sont permis ; pas à des industriels qui déploient de nouvelles techniques afin de répondre aux nouveaux besoins de la société. Faut pas jouer sur le marché avec eux.

    Me choque que l’énergie du pays passe à discutailler de queues de cerise avec des gens qui s’en foutent des citoyens et cherchent seulement à préserver et développer leur part sur le PIB du pays.

    Me reviens une citation de Montherlant pour traduire ce qui pourrit ma génération : »Demain, il fera jour avec des enfants qui ne seront pas les nôtres ».

    Certes le web suit le même chemin mais pas chez nous. Tu sais aussi bien que moi que lorsque « la vie » tombe sur une bifurcation, des hommes s’y engagent et explorent tout le nouveau territoire pour le meilleur et le pire ; d’autres poursuivent le chemin avec leur anciennes croyances dans le processus industriel et la capacité des marchés à produire du développement bien partagé. Avec, à la clef, la mise en place d’une Sainte Inquisition afin de brûler les mal-pensants. Il a fallu 80 ans à la France, au 19ème siècle, pour admettre que l’agriculture n’était pas le seul moyen de créer des richesses ; combien de décennies pour admettre que le processus industriel a atteint ses limites ?

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