L’Australie avance dans la voie de son modèle Très Haut Débit et confirme ses décisions de 2010 notamment qui consistaient à dissocier la gestion de ses infrastructures et la partie services. Après de longs moins de bras de fer, le gouvernement australien avait en effet, voici quelques mois, créé la surprise en annonçant le lancement d’un réseau national financé uniquement sur fonds public. Un modèle original et une décision qui intervenait après de dures négociations entre les pouvoirs publics et des opérateurs télécoms nationaux incapables de se mettre d’accord pour déployer un réseau national face, notamment, aux obstructions déployées par Telstra. Un opérateur historique qui entretenait d’ailleurs semble-t-il, de longue date, des relations difficiles avec l’Etat australien…
Arrêt progressif du réseau en cuivre au fur et à mesure du déploiement du réseau optique !
Depuis cette annonce, le projet suit son cours. Telstra vient en particulier de proposer son plan de séparation structurelle et la prochaine libération de l’accès à ses infrastructures de génie civil qui reviennent dans le domaine public. Mais l’Australie ne se contente pas de libérer l’accès aux infrastructures passives. Elle annonce également l’arrêt progressif, réglementaire, du réseau en cuivre au fur et à mesure du déploiement du nouveau réseau fibre optique. Et cette décision semble elle aussi véritablement stratégique. Nous avions évoqué une solution comparable en février 2011 en suggérant que, dés qu’un réseau fibre était opérationnel, il serait opportun d’obliger réglementairement les ,opérateurs à migrer leurs abonnés Adsl sur l’optique. Dans un domaine proche, JM Billaut avait lui aussi récemment imaginé financer les réseaux optiques en vendant le cuivre désormais obsolète. Nous en avions rêvé, l’Australie pourrait le faire. Le récent article de zdnet semble le confirmer.
Telstra vient en effet de proposer son plan de séparation structurelle à l’Australian Competition and Consumer Commission (ACCC) pour approbation. L’étape suivante consistera à déclasser son réseau de cuivre. En supposant que l’autorité de concurrence approuve les documents, et que les actionnaires votent en faveur de Telstra 11 milliards de dollars, la compagnie téléphonique séparera donc ses activités de gros et de détail. Le démantèlement du réseau de cuivre durerait jusqu’en 2020, demain matin donc…
Pourquoi pas en France et en Europe ?
L’idée se révèle particulièrement séduisante et donnerait l’un des signes qui manque pour à la fois lancer le chantier optique, l’inscrire dans un véritable calendrier contractuels et confirmer la réelle volonté des services publics. Elle obligerait bien entendu à faire évoluer les réglementations nationales et européennes. Comme cela a été fait ailleurs, en Australie par exemple. Mais n’est-ce pas le destin des réglementations que d’évoluer dans le sens de l’intérêt général ?
Par-delà ces questions, sur le fond, l’Australie pose également une question simple. A partir du moment où une solution optique existe, à des tarifs acceptables, qu’est-ce qui justifie l’existence de deux réseaux parallèles, un réseau cuivre en voie d’obsolescence, et un réseau optique ? Soit on est vraiment convaincu que l’optique est la solution d’avenir, ce qu’affirme à juste titre l’Etat français dans ses priorités du Grand Emprunt par exemple, et dans ce cas, la solution australienne s’impose comme une bonne idée à examiner. Soit on confond communication et conviction… Nul ne veut le croire.
C’est un choix intéressant de la part du gouvernement Australien et certainement très bénéfique au déploiement de la fibre optique. Cette décision me gêne cependant un peu : il faudrait, pour ne pas frustrer le consommateur, avoir des tarifs similaires pour la fibre optique et pour le cuivre (pour que le consommateur ne soit pas forcé de payer plus)…
J’ai l’impression que ce pourrait signifier le lancement d’une offre de services THD optique, ce serait peut-être, enfin, la fin des solutions quasi imposées « triple play » et l’émergence d’une offre véritablement multi services et multi FAI dans laquelle chacun aurait la possibilité de choisir « à la demande ». Vidéo, cinéma HD, services de proximité, banque, domotique, services publics…. Comme dans la vraie vie nous choisissons un » fournisseur » pour chaque « besoin », la vie numérique ressemblera-t-elle à cela ? C’est déjà le cas en partie. En ce sens; la comparaison prix DSL / optique doit peut être se poser en des termes différents.
Trois champs vont être intéressants à observer :
1/ Comment la puissance de la boucle locale va se développer.
2/ Si des principes généraux du droit (civils! relatifs à l’accès et aux usages d’internet vont être mis en place.
3/ Si les industriels du net parviendront à imposer une réglementation flottante (sur leurs intérêts de cash) sans bases ni constitutionnelles ni légales. Et à saturer le réseau public de transport.