La France l’a fait pour l’électricité voici un siècle… Pourquoi elle n’inventerait pas la solidarité numérique du XXIème siècle ?

L’absence de solution de péréquation constitue aujourd’hui l’un des obstacles majeurs qui freine ou empêche l’aménagement numérique très haut débit de notre pays. La France ne dispose pas en effet de système de solidarité numérique et cette absence participe du retard que nous prenons pour lancer, après l’eau ou l’électricité, la prochaine grande révolution en matière de services d’intérêt public : les réseaux très haut débit.  On nous parle politique nationale mais pas de son financement. On lance quelques expérimentations THD, mais on ne sait pas ce qu’elles sont susceptibles de nous apprendre. A inventer des techniques de déploiement ? A 99% nous les connaissons. A estimer les coûts de déploiement en zones peu denses par exemple ? On n’a pas attendu l’Etat pour les approcher. A cerner les obstacles juridiques ? On sait bien que le principal d’entre eux est à chercher dans les possibilités d’utiliser ou pas les fourreaux existants de l’opérateur historique. Alors ? A quoi donc ? J’avoue mon ignorance. Mais promis je cherche.

Cette situation est-elle bien raisonnable pour un pays aussi avancé que le notre ? Un pays qui se targue à juste titre d’avoir inventé plusieurs champions mondiaux dans les domaines de l’énergie, de l’eau ou de l’environnement. Remarquons d’ailleurs que ces champions ont été placés sur orbite grâce le plus souvent à des initiatives et des décisions publiques visionnaires. Comme quoi la Lune n’est pas incompatible avec l’action publique…

Dans la période actuelle d’incertitude numérique, il est parfois bon de revenir aux sources et de revisiter rapidement l’histoire. C’est ainsi qu’au détour d’un interview avec Patrick CHAIZE, directeur du syndicat intercommunal d’énergie et de e-communication de l’Ain avec lequel nous parlions très haut débit rural, nous sommes revenus sur le XXè siècle. Car, ce vieux siècle a été celui de l’invention de plusieurs solutions de péréquation qui ont fait leur preuve. Patrick CHAIZE nous rapelle ainsi comment ce qui semble aujourd’hui impossible pour la fibre optique l’a été pour l’électricité.

Les mauvaises langues pourraient donc penser que nous régressons faute de ne pouvoir faire au moins aussi bien que nos aïeux. Je ne crois pas. Je pense plutôt que nous n’avons pas encore réussi à faire comprendre l’importance de ce qui est en jeu dans cette nouvelle économie numérique. Je crois aussi que la force des lobbies du cuivre a réussi à ralentir le mouvement dans l’attente de l’épuisement de sa mine. Je pense sincèrement que les trois grands opérateurs font fausse route et je regrette qu’aucun free opérateur n’existe plus désormais pour bousculer leur jeu monopolistique.

De ce tout petit blog de télétravailleur, universitaire, rural, que des défauts donc, je le dis sans détour. Il faut s’organiser, il faut râler,  il faut expérimenter, il faut expliquer… Lançons l’appel du 18 janvier pour inventer les terroirs numériques très haut débit…

Note : Patrick CHAIZE est le directeur du Syndicat Intercommunal d’énergie et de e-communication de l’Ain, un syndicat qui a lancé des opérations particulièrement innovantes en matière de très haut débit rural. Un second reportage proposera rapidement les meilleurs passages de notre entretien avec Patrick.

14 commentaires sur “La France l’a fait pour l’électricité voici un siècle… Pourquoi elle n’inventerait pas la solidarité numérique du XXIème siècle ?

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  1. 100% d’accord pour lancer cet appel du 18 janvier mais qui, à qui et comment ?
    A nos méninges !
    En attendant …clin d’œil d’une association amie

  2. A mon avis il faudrait faire deux choses :

    1-Un « appel » .
    Lorsqu’il sera finalisé je propose que chacun d’entre nous (un maximum!) l’envoie à tous les parlementaires nationaux et européens. Ce sont nos représentants « naturels » ! Je sais, nous partons de loin mais s’ils recevaient tous sur une courte période un mème message ça ferait réagir
    Tout dernièrement, à l’occasion des voeux, j’ai adressé un mail à tous les parlementaires européens. Deux m’ont répondu, ! un de gauche et un de droite! c’est peu mais il faut un début à tout;-)

    2-une proposition de loi s’il y a des compétences dans la famille « numéricus » . Pour la présenter, si elle est bien ficelée, je crois savoir où m’adresser;-)

    Pierre Ygrié …avec tous mes voeux

  3. Interview intéressante (pour moi) de Patrick CHAIZE. Je crois cependant qu’il est nécessaire de replacer la logique d’électrification de la France dans une perspective plus large qui va de la loi de 1920 aux syndicats départementaux d’électrification (SDE) mais en passant par l’institution du FACÉ en 1936, 10 ans avant EDF. Et dans une autre logique intéressante : celle de l’évolution des techniques comptables passant petit à petit d’un outil des gestion puissant à celui d’un outil fiscal ayant l’ambition de rendre comparable (face au fisc) toutes les activités humaines (arrêté d’avril 1983). Outil puissant parce qu’il contraint à donner à une activité humaine deux représentations (bilan et compte de résultat) avec des règles générales et précises qui pour être justes doivent être cohérentes entre elles à 100%.

    Nous avons été quelques uns, dans les années 1990/95 à prêcher, au hasard des rencontres, aux SDE de s’intéresser au développement des réseaux internet au moment où l’IP et les PC commençaient à ouvrir des perspectives à la fois infinies et merveilleuses. Personnellement, j’ai eu l’impression d’être un martien lorsque j’expliquais le truc à un directeur de SDE (par ailleurs conseiller général). Ce fut une époque où j’ai vraiment cru que l’intuition de la noosphère de Theilhard de Chardin était en train de se réaliser : Je (nous) voyais la mise en place de puissants réseaux locaux qui s’interconnectaient tous de proche en proche ; avec l’espoir qu’un tel réseau mondial découvrirait tout seul une relation synapsoïde que j’étais incapable de concevoir et dont il avait besoin pour devenir efficace.

    Peut-être que l’obligation technique de passer à IP6 le mois prochain relancera le rêve. Patric CHAIZE qui dit pudiquement que c’est la place dans les fourreaux de FT qui plombe l’évolution du projet du SIEA aurait pu enfoncer le clou en indiquant que les péage que réclame FT sont tout simplement exorbitant et léonins. À La Garde Guérin, le village (30 maisons) a placé, en 1972, deux réseaux de fourreaux : télécoms et coaxial, dans lesquels de rares fils s’ennuient ; aujourd’hui nous avons besoins de 4 000 mètres de faisceau FO afin de fibrer notre SR depuis le NRA. Nous ne savons pas depuis six mois même si nous pouvons payer ; la strige départementale de FT n’a pas répondu à notre demande de devis ; par contre elle a pris la peine de me faire savoir, par mail, qu’elle me prenait pour un benêt.

    Pour répondre à l’appel de Jean-Pierre, il me semble qu’il faut démolir au fur et à mesure qu’elles atteignent le stade de la connerie les idées que diffuse notre système politico-administratif. La grille d’analyse de Noam CHOMSKY pourra se révéler très opérationnelle pour ce faire.

  4. Bernard, peux tu préciser ce que FT vous a demandé pour la location de leur fourreau ? Ce serait amusant je pense.

    Pierre, Bernard, concernant cette idée d’appel du « 18 juin » le 18 janvier, je peux préaper un petit draft de texte que nous pourrions amender collectivement et lancé de manière simultannée ? Qu’en pensez vous ?

  5. Non. La demande est partie. Une première fois par lettre simple (je croyais m’adresser à un industriel à l’affut des clients. Une deuxième fois par lettre recommandée avec AR.

    En pratique le faisceau jusqu’au SR est en aérien. L’atténuation de notre réseau local (SR) est de l’ordre de 2 à 3 % ; donc nous n’avions nul besoin de fibrer la sous boucle locale.

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