Troisième contribution de notre désormais célèbre auteur RIP, un pseudo utilisé par un des observateurs les plus attentifs des politiques numériques de notre pays. Comme beaucoup, RIP s’interroge. Il cherche en particulier à comprendre si il y a ou pas un pilote dans l’avion du numérique, notamment dans celui de l’aménagement du territoire à très haut débit, ce drôle de véhicule qui paraît encore bloqué en bout de piste.
La période électorale que nous vivons est propice aux débats d’idées de toutes sortes portés, outre par les partis politiques, par une multitude d’acteurs ou de structures issues de la société civile. Cette campagne présidentielle restera d’ailleurs comme celle de l’avènement de réseaux sociaux qui font désormais partie de l’arsenal du dialogue et de l’interpellation politiques. Pourtant, malgré cette l’omniprésence, les enjeux du numérique paraissent étrangement absents de la campagne politique actuelle. De plus en plus d’acteurs du secteur du numérique et, au premier chef, nombre de chefs d’entreprises de cette filière, pointent ainsi du doigt la faible prise en compte de l’impact de l’économie numérique dans la création de richesse ou d’emplois. Ils signalent également l’inadéquation de la fiscalité touchant les PME et les TPE du secteur. La création du « QG du Numérique » par des associations ou des syndicats interprofessionnels du numérique confirme bien la force de ce sentiment diffus selon lequel les pouvoirs publics ne s’intéressent pas assez à ces sujets.
Qui pilote ?
Beaucoup ne comprenne pas ou plus en fait qui pilote. Beaucoup cherche, souvent vainement d’ailleurs, à saisir l’adéquation entre des annonces souvent ambitieuses, par exemple 100% des français en très haut débit en 2025, et la réalité des moyens que l’on se donne au service de cette ambition. Le doute s’installe. Il s’installe d’ailleurs de manière d’autant plus importante que des oppositions s’expriment ici ou là, y compris au sommet des acteurs de l’aménagement ou de la péréquation. Ainsi, même un lecteur peu avisé de la presse spécialisée comprend facilement qu’il existe une divergence de fond en ce qui concerne la conduite du dossier de la couverture en téléphonie mobile de Free Mobile. Il est en droit de s’étonner des oppositions qui se font jour entre Éric Besson, Ministre en charge du secteur, et un Président de l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et de la Poste. Elle pourrait d’ailleurs faire rire si elle ne proposait pas un spectacle de « chamailleries » de cours d’école de CM2 ! Et si tout cela confirmait qu’il est désormais urgent d’en revenir à ses métiers premiers.
En rester à son cœur de Métier…
Ce terme est bien celui du moment, car s’il convient de rappeler au Président de l’ARCEP qu’il n’est pas encore le Ministre en charge du travail lorsqu’il reçoit les syndicats des salariés du secteur des télécoms, il faut aussi interpeller les opérateurs intégrés ; notamment le premier d’entres-eux, France-Télécom Orange. Ce dernier a en effet singulièrement diversifiées dernières années ses champs d’interventions bien au-delà de ses métiers « historiques ». Comment d’ailleurs ne pas s’étonner de l’absence de réaction des syndicats de salariés de celui-ci, pourtant si prompts à contester la mise en place d’un réseau d’initiative public, face aux pertes de 900 millions d’euros qu’Orange doit supporter à cause de ses investissements dans les contenus audiovisuels ?
Alors que depuis plus de dix ans les collectivités locales sont accusées par plusieurs opérateurs privés de venir concurrencer leur réseau, de gaspiller l’argent public, de chercher à leur interdire de réaliser des réseaux activés en estimant que cela n’est pas leur métiers, que dire donc d’une telle stratégie déployée par un gestionnaire d’infrastructures ? Comment d’ailleurs ne pas être aussi surpris du silence du principal actionnaire de cette société, un actionnaire qui en nomme le Président, en l’occurrence l’Etat ?
Chacun doit savoir cultiver son jardin !
Comme le rappel fort justement notre grand Voltaire dans la conclusion de « Candide » il faut en premier lieu savoir cultiver son jardin. Le gouvernement actuel a fixé comme objectif de raccorder 100 % de la population au très haut débit d’ici 2025. Il faut donc aujourd’hui organiser enfin à un véritable pilotage politique de cet objectif, notamment en aidant les collectivités locales qui investissent dans la fibre. Elles portent un véritable projet d’aménagement.
RIP
Es-tu sûr qu’il y ait seulement les ailes de l’avion ? L’ARCEP elle se prend plus pour Dieu que pour un Ministre : 17 000 décisions réglementaires flottantes (sans bases juridiques) en 13 ans ? Même la Chine ne parviendra jamais à une telle performance. Même les crânes d’oeuf de la finance n’ont, ensemble, qu’une seule idée de génie par semestre.
L’internet en France, c’est comme si 170 olibrius illégitimes prétendaient apprendre à 65 millions de français comment pisser proprement. Chocs des images. Il est possible de trouver une métaphore évangélique du type : »Le royaume d’internet est semblable à … (vastes possibilités) »
Ni l’État, ni les collectivités locales, ni les entreprises n’ont les compétences indispensables pour traiter les enjeux du numériques pour une raison toute simple : nous sommes dans un système très complexe qui ne peux fonctionner que grâce à l’huile de l’intime apportée par les individus (30% de flux internet sont, paraît-il, à caractère pornographique).
Jean-Pierre, ce serait chouette si le livre que tu entreprends déroule des paraboles. Je t’en propose une, facile :
Le royaume d’internet est semblable à une ville où Xavier Niel récolterait plus de blé avec le téléphone mobile qu’avec le minitel rose.