Premier pas ? Hésitations ? Contradictions ? Incompréhensions ? L’aménagement numérique cherche la lumière

Laurent Cervoni, chef d’entreprise, et Dominique Gambier, conseiller régional de Haute-Normandie, signent cet intéressant papier. Ils  y rappellent à leur tour l’ampleur des difficultés qui freinent l’aménagement numérique des territoires.  Dans une France en retard selon eux en matière de déploiement de réseaux fibre optique, ils pointent les impasses dans lesquelles pourraient nous mener quelques-unes des tactiques de court terme du moment. Ils parlent en particulier des expérimentations VDSL2. Comment d’ailleurs ne pas partager leurs craintes tant il est vrai que les décisions prises dans ce domaine posent pour le moins questions.

  • Où vont-elles se déployer ?
  • Qui devra payer quoi ?
  • Les pouvoirs publics vont-ils à nouveau financer le réseau cuivre ? Si oui, via quel dispositif juridique précis, légal bien entendu ?
  • Quels seront les vrais droits de ceux qui paieront tout ou partie de ces opérations ?
  • Quelle sera la place des réseaux d’initiative publique dans ces opérations ?
  • Qui sait aujourd’hui nous dire qui sera éligible et où à cet éventuel VDSL2 ?
  • Comment expliquera-t-on que les usagers résidant à plus de 1000 m d’un NRA-VDSL2 resteront peu ou mal éligibles alors que, sans doute, ces opérations seront ici et là financées sur fonds publics ?
  • Qui a d’ailleurs élaboré aujourd’hui la carte des nouvelles fractures numériques générées par le VSL2 ?
  • Sous quelles conditions l’indispensable raccordement optique des NRA concernés pourrait-il être une première étape vers un vrai plan très haut débit ?

Face à de telles conditions de prises de décisions, pour le moins étonnantes dans une démocratie moderne comme celle de notre pays, comment en effet ne pas être surpris par une politique numérique qui affirme d’un côté les enjeux stratégiques liés aux réseaux optiques et qui, de l’autre, fragilise tout projet concernant ces réseaux par des tentatives de modernisation des vieux réseaux cuivre ? Le VDSL2 ne manquera pas en effet de capter une partie des possibles abonnés FttX sans lesquels les plans d’affaire du très haut débit, déjà acrobatiques, vont suscités plus de craintes encore. N’est-ce pas surprenant ? Ne peut-on pas y déceler pour le moins comme une contradiction majeure ?

Mais d’ailleurs où a été discuté et voté cette politique numérique ? Les mauvaises langues diraient dans une commission animée par un régulateur. Je ne sais pas.

Ce qui est sûr en tout cas c’est que les élus nationaux n’ont pas voté quelque décision que ce soit à ce sujet. La Proposition de loi Maurey-Leroy reste en attente ; on attend de savoir ce que va devenir le Programme National très Haut Débit de 2010 – 2011. Une vraie solution d’abondement du FANT ou de péréquation numérique demeure toujours portée disparu…

Une grande loi pour le développement numérique des territoires s’impose comme une urgence de plus en plus forte .C’est ce que Laurent Cervoni et Dominique Gambier regrettent sans doute lorsqu’ils en appellent eux-aussi à un vrai pilotage public. Prenez donc le temps de lire cette nouvelle contribution qui conclut en élargissant habilement le sujet à l’échelle européenne.

A chaque époque ses défis. La Politique agricole commune a permis en son temps à une Europe volontariste de remodeler et de moderniser sa filière agro-alimentaire. Aujourd’hui, une Politique numérique commune doit s’imposer aux opérateurs. Un pilotage public réel est nécessaire tant pour les décisions techniques que pour la vision des usages à développer. Toutefois, il n’est pas raisonnable d’attendre de l’Europe des financements sans un minimum de fédéralisme permettant d’attribuer une part du PIB de l’UE au financement de ces enjeux et de définir, si nécessaire, un mécanisme de péréquation pour les projets numériques.Si seule une Politique numérique commune est en mesure de faire entrer l’Europe dans la société de l’Intelligence, elle ne peut se faire que par un renforcement des choix stratégiques, techniques et budgétaires entre les Etats.

2 commentaires sur “Premier pas ? Hésitations ? Contradictions ? Incompréhensions ? L’aménagement numérique cherche la lumière

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  1. il faut arrêter le cuivre ou l’on dispose de fibres et opter pour ce nouveau média. arrêtons d’investir dans des technos intermédiaires VDSL etc… qui vont couter au consommateur ( car les mieux lotis seront toujours ceux près des centraux téléphoniques , comme pour l’adsl )…. débridons directement les nouveaux médias.

  2. Pour arrêter le cuivre, à mon sens il faut déjà que la VOIP soit reconnue acceptable comme ligne d’urgence, OU BIEN que la téléphonie portable soit considérée comme une alternative crédible (toujours pour les lignes d’urgences)
    Et il faudra non seulement une loi pour ça, mais aussi une organisation dans les services d’urgences:

    A l’heure actuelle, tout batiment ouvert au public DOIT avoir une ligne téléphonique cuivre.
    D’autre part, FT a l’obligation d’avoir une base d’adresses correctes et à jour, également pour les services d’urgences (pour localiser les appels). Même si les employés des préfectures et des services d’urgence en question savent bien que cela ne va pas sans couacs.

    Mais pour la VOIP, il n’y a pas cette obligation (et comment ferait-on ? Une ligne SIP permet d’appeler de n’importe où sur le net…) , et pour la téléphonie mobile la position est plus approximative.

    Rien que pour cela a mon avis en France il va y avoir des résistances politiques.

    Bien sur, ces problèmes ne sont absolument pas insurmontables…. à condition qu’on accepte de voir les problèmes en premier lieu et qu’on décide fermement d’y apporter une solution.

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