Le temps passe, les projets de loi numérique se font attendre et la transition numérique reste encore et toujours aux lisières des zones les moins denses. Plus grave peut-être pour tous ceux qui transitent par-delà les distances après lesquelles le cuivre s’avère incapable de transporter quelques flux internet que ce soit, aucune vraie solution ne se dessine. Fausse bonne idée du VDSL, comme le signale l’Arcep si on lit entre les lignes de ce texte, difficultés sans doute plus politico-contractuelles que techniques des solutions de montée en débit, limites avérées des solutions radio de type Wifi, tristes offres satellites, pénurie d’offres de collecte, serions-nous donc durablement condamné? Et s’il fallait plutôt tenter autre chose pour que tous les ruraux disposent demain d’au moins 30 à 50 Mbps, bien entendu symétriques, et de 1 Gbps après-demain?
Nombre d’entres-nous ont un temps défendu des solutions originales en matière de réseaux ruraux fibre optique. Coopérative de construction, mode alternatif d’exploitation de ressources très haut débit, projet en mode Dot It Youself, les réunions ont succédé aux prises de position et les idées aux pétitions. Peu de projets semblent toutefois avoir abouti, tout au moins en France. Est-ce vrai? Si oui comment expliquer l’inertie nationale en matière de très haut débit rural ? Impasses en termes de rentabilité, obstacles économiques, déficit d’innovations socio-politiques, force des lobbies ? Quelques soient les raisons, ne faut-il pas avoir maintenant le courage de faire le bilan de nos idées et de ces questions. C’est l’objet d’une série d’interviews à venir.
Le premier permettra tout d’abord de faire le point sur les projets très haut débit lancés en pensant de manière différente. Je fais par exemple référence à la formidable opération déployée au Pays-Bas à Nuenen, dont Jean-Michel Billaut par exemple a parlé dans cet article. Celui qui est à l’origine de ce projet, Kees Rovers, a accepté de nous faire un point à ce sujet. Qu’il en soit remercié. Outre manche, il avait été également un temps question du village de Lyddington. Toutes informations à ce sujet seraient bienvenues. Par-delà ces quelques exemples, il existe sans nul doute d’autres projets THD alternatifs. Peut-on collectivement les recenser et les analyser ?
Par-delà le monde des télécoms, le bon sens incite ensuite à s’inspirer d’opérations concernant d’autres réseaux. Dans ce domaine, l’actualité récente a remis par exemple sur le devant de la scène le formidable projet de Feldheim, un village au Sud-Ouest de Berlin, qui pour engager une vraie transition énergétique a choisi de construire son propre réseau électrique et ses propres unités de production d’énergies renouvelables. Serait-il plus compliqué de déployer un réseau courant fort qu’un réseau courant faible ? J’ai comme un doute… Et vous ?
A travers ces papiers et ces projets, l’objectif consiste a incité les décideurs, et donc aussi nous-mêmes pauvres ruraux perdus loin des espaces de vie du cuivre, à se donner les moyens de ne plus attendre passivement je ne sais quelles décisions quasi divines. Acceptons l’augure : au bout du bout, il faudra bien inventer d’autres logiques de construction et d’exploitation des réseaux très haut débit en zones peu denses. Pourquoi donc attendre et perdre encore plus de temps ? Faut-il se résigner alors que plus que jamais le monde rural, l’économie agricole, les professionnels du tourisme, les entreprises qui se développent loin des centres urbains ont soif eux aussi de vraies vies numériques ?
En guise de commentaire ci-dessous un mail de ce jour à un député (Fabrice Verdier fabriceverdier.permanence@gmail.com ) qui fustigeait dans Midi libre la vétusté du réseau de cuivre. (Nombreux liens dans ce mail que je ne reprends pas ici pour ne pas alourdir )
« Monsieur le député,
Je lis dans Midi libre de ce jour votre intervention sur la vétusté du réseau cuivre .C’est un sujet qui m’intéresse au plus haut point ! Pour une égalité de traitement dans l’accès au très haut débit j’écrivais, il y a plus de 4 ans « La parole est aux parlementaires » A l’occasion de la prochaine loi sur le numérique, même si le contexte a changé cet « appel » est toujours d’actualité ! En zones rurales les routes du très haut débit sont toujours aussi « glissantes » voire « verglacées « ! Le « papier » que j’écrivais en 2011 sur l’inévitable « explosion » des réseaux n’a rien perdu de son actualité.
Je suggère aujourd’hui aux parlementaires de « monter au créneau » avant la finalisation du prochain projet de loi sur le numérique http://websdugevaudan.wordpress.com/2014/09/14/l-hyper-ruralite-dans-la-future-loi-numerique/
Si une initiative forte n’est pas prise à cette occasion l’égalité des citoyens dans l’accès aux services publics de demain ( dont la santé !) sera bien compromise !
Si vous estimez devoir prendre une initiative dans ce sens vous pouvez compter sur mon soutien pour la relayer auprès de vos 576 collègues !
Merci de ce que vous et vos collègues pourrez faire dans ce domaine vital pour l’avenir de nos territoires.
Espérons que les parlementaires à minima animent un vrai débat sur cette loi numérique annoncée Pierre.
Et oui JP, le constat est ce qu’il est. Nous-y sommes confrontés depuis bien longtemps. La première pétition (à FT pour une ADSL) signée par la quasi totalité des habitants de notre hameau date d’il y a plus de 10 ans… Maintenant sans l’intervention de personnes influentes, nous n’aurions pas d’accès digne de ce nom : WIFI; un débit « dépassé » vs les offres actuelles (pas de télé, pas de voix, prix); quelques (longues) coupures… mais 4Mo / 2Mo c’est « suffisant » pour une utilisation « familiale ». On s’en contente…
Alors le DO IT YOURSELF semble une bonne alternative pour le THD, encore faut-il qu’il y ait des gens motivés, pour mutualiser les coûts, les taches. Avec les questions financières qui iront avec : Qui va payer ? Combien ça me coûtera ? Mais je vais payer pour les autres ?
Bonnes questions… pas de réponses à ce jour. A suivre en tout cas.
Et d’autres « vieilles » questions qui, elles, ne sont pas poséees ! ….telles que :
2010 : Une ruralité en très haut débit pourquoi faire ?
http://websdugevaudan.wordpress.com/2010/06/23/une-ruralite-en-tres-haut-debit-pourquoi-faire
2011 : Que pourraient apporter à la France des campagnes intelligentes ? http://websdugevaudan.wordpress.com/2011/09/24/campagnes-intelligentes/
Bref toutes questions démontrant que la France doit marcher sur deux jambes :1- des métropoles compétitives 2- la valorisation de son principal atout l’Espace !
c’est bien Pierre de pousser tes articles. Peux tu essayer aussi d’apporter quelques éclairages sur le sujet de l’article ?
Plusieurs éléments pour la réflexion positive & constructrice qui permettra de passer enfin à l’action concrète :
1. Règlementation ARCEP + Cahier des charges de la Mission THD pour le FSN + spécifications techniques (pour rester soft) des opérateurs télécoms Grand-Public = Montée en Débit partout sur les Zones Moins Denses hors Zones AMII. Les intervenants du dernier TRIP de l’Avicca, tenu il y a quelques jours à Paris, ont clairement exprimé cette position, bon gré, mal gré.
2. La fusion Numericable-SFR, même si elle était prévisible et connue de beaucoup dans le secteur depuis très longtemps, bouleverse l’échiquier : Orange n’est plus seule sur le marché du THD. En annonçant publiquement leur objectif d’être Numéro Un sur ce marché, les dirigeants du nouveau groupe affichent clairement la couleur : le réseau SFR va être exploité à plein, ce qui comprend naturellement tous les RIPs gérés par SFR Collectivités. Grâce à la technologie RFoG, Numericable possède une arme fantastique qui lui permettra de servir très rapidement les résidentiels sur les plaques SFR Coll.
3. Rappelons une nouvelle fois que l’ouverture viendra lorsque nous cesserons de penser « TriplePlay ». Car dès qu’on inverse la proposition et qu’on réfléchit « la Fibre DEPUIS Chez Moi », alors TOUT s’éclaire…
4. Ce qui nous amène à cette analogie avec l’Energie, et particulièrement cette opération à Feldheim. En entendant récemment le reportage sur la transition énergétique en Allemagne dans l’excellente émission “Les Carnets du Monde” sur Europe 1 http://www.europe1.fr/mediacenter/emissions/carnets-du-monde/sons/les-carnets-du-monde-sophie-larmoyer-06-12-14-2310473 (vers les 15-18 mn) , et en regardant d’un peu plus près la tendance allemande du crowdfunding pour l’indépendance énergétique – ex. ici: http://energytransition.de/2013/09/community-ownership-is-it-crowdfunding/ – cette question : Quelle partie du réseau Telecom pourrait-elle être ainsi prise en charge par les citoyens eux-même afin d’assurer leur indépendance en matière de télécommunications ?
5. Eléments de réponse :
– Toute l’infrastructure télécoms installée sur le Domaine Privé appartient au propriétaire, sauf la fameuse “box” si celle-ci est louée au “FAI” (terminologie trompeuse, n’est-ce pas @Zablo ? 😉 ;
– Sur le Domaine Public, les fourreaux et autres supports aériens appartiennent à la Collectivité, sauf exceptions ;
– Les initiatives allemandes, à Feldheim comme ailleurs dans les 150 autres communes du pays ayant adopté cette démarche, concernent la production et la distribution d’énergie en local.
Nous devons donc nous concentrer à travailler sur les besoins télécoms locaux. Simple, n’est-ce pas ?
Merci de ta contribution Marc. Cela nous aide. Quelques précisions svp.
Montée en Débit hors Zones AMII. Cela semble le bon sens mais à ton avis, et suite au TRIP, quels sont selon toi les éléments bloquants ? Peut on par exemple imaginer une solution en mode coopératif pour amener du fourreau au droit du SR dans des conditions où l’effort public soit valorisé.
Sur le point 3, j’avoue ne pas comprendre ce que change vraiment ce recentrage « depuis chez moi »… en tout cas toutes les propositions gauloises dans ce domaine, y compris celle d’un Z ami commun, sont restées à l’état de littérature.
Sur le point 4, l’idée serait d’en rester à la construction des infra passives mais dans un mix domaine public / Domaine privé qui à ce satde reste pour l’essentiel un mystère pour moi. J’ai 2 ou 3 idées toutefois. On en parle ?
Des réponses il y en a, à condition de ne pas s’arrêter au bout de 100m pour entrer dans la première mairie venue en espérant un miracle qui inverserait le sens de la gravitation publique universelle.
Mais je ne vais pas radoter, juste soumettre une réflexion utile que j’ai copiée/collée dans les propos de Nicolas Colin (TheFamily) : Si la mission des opérateurs est de déployer les infrastructures (donc se replier en amont de la chaîne de valeur), il faut qu’ils renoncent à leur présence en aval (où ils étouffent l’innovation) et qu’ils abandonnent à des opérateurs virtuels le lien privilégié avec le client. Une infrastructure n’a de valeur que si elle devient une plate-forme pour les innovateurs, y compris sur les services de télécommunications eux-mêmes.
Il me semble que ceux qui trouveront le moyen d’établir localement ce lien privilégié et sans intermédiaire avec chaque ayant-droit (non pas over the top mais sans doute under the bottom) sur la question du droit réel d’accès à l’Internet (et non à la seule télévision par ADSL), ceux-là auront de beaux et grands chantiers devant eux.
Je ne sais si le terme d’opérateurs virtuels convient vraiment pour les désigner tout dépendra du point précis de jonction entre eux et les ayants-droits. Je soupçonne ce point d’être à l’intérieur de la maison, juste derrière la porte. Bref, peut-être suffit-il de tirer la bobinette et la chevillette cherra 😉
Je me sens visé au point 3, alors je peux pas m’empêcher… 🙂
Ce recentrage, Jean-Pierre, avec un équipement actif à l’intérieur de la maison transforme le consommateur en ayant-droit et la boucle locale en bien-commun des ayants-droits. Sur un tel fondement on peut construire une politique.
La difficulté est d’établir un lien privilégié avec l’ayant-droit sur un sujet dont il ne perçoit même plus l’existence. La littérature ne peut pas grand chose pour y parvenir, c’est d’ailleurs pour cela que je n’écris plus vraiment depuis longtemps. À défaut, je bavarde.
Concrètement, dans un hameau lambda qui veut participer à la construction de ses ressources numériques, fourreaux par exemple, qu’aucun opérateur ne construira faute de rentabilité avant des lustres, l’ide de l’opérateur virtuel n’est-elle pas hors sujet ? Cet opérateur, virtuel ou pas, viendrait en effet exploiter un éventuel réseau mais avant il faut le construire… Non ?
tu as raison de te sentir visé, mais avec une grande affection. Tu as fait partie de ceux qui ont tenté d’opérationnaliser des propositions en autoconstruction et en biens communs. Tu sais que je t’ai toujours suivi dans ces concepts. Mais rien n’a avancé non ? Ce que l’on entend de visionnaire comme toi, c’est aussi qu’ils tentent de nous expliquer pourquoi cela n’a pas encore marché.
Je l’avais bien pris comme ça, of course !
Tu disais plus haut : Cet opérateur, virtuel ou pas, viendrait en effet exploiter un éventuel réseau mais avant il faut le construire… Non ?.
En fait je pense plutôt que la vocation de cet opérateur c’est celle d’un promoteur/constructeur spécialisé dans la construction de nouvelles boucles locales vendues en l’état futur d’achèvement. C’est pour cela que je ne suis pas trop l’expression de Nicolas Colin (opérateur virtuel). Sur l’exploitation ensuite je suis agnostique.
Cela étant il ne faudrait pas comparer cela à un opérateur d’immeuble à l’horizontal (!) car la livraison est faite à l’association syndicale de propriétaires qui fait son affaire de la relation avec les opérateurs exploitants du réseau et des services (avec eux ou sans eux).
Je finirai bien par construire au moins une boucle locale de cette nature avant le grand saut 😉
je comprends mieux. l’idée est séduisante. J’ai peut être une boucle expérimentale… Tu es encore dans le Gers ?
Oui, toujours… Je suis un peu passé sous le rouleau compresseur du SDTAN, ce qui m’a fait maigrir très sensiblement, j’ai donc une taille de jeune homme maintenant 😉
tu es intervenu sur le Sdtan du Gers ? Ou est ce une métaphore dont la subtilité m’échappe ?
Non, je ne suis pas intervenu ce sont plutôt les promoteurs du SDTAN qui ont fait tout le nécessaire pour me discréditer.
Résultat des courses (as usual) l’Isle-Bouzon a eu droit a un régime spécial.
je vois en effet. C’est au moins du 4G j’espère…
Ce n’est pas précisé. Maintenant que le mal est fait il n’y a plus qu’à créer un « Observatoire de Gascogne » capable de produire des analyses quantitatives objectives et comparées au cours des 10 prochaines années pour évaluer en parallèle les résultats du PlanA (le SDTAN) et les résultats du PlanB sur une même zone de référence avec le déploiement d’une boucle locale de nouvelle génération.
Il faudrait que cet observatoire dispose nativement de l’autorité politique, scientifique et technique nécessaire pour éclairer l’alternative et sortir de la pensée unique : un véritable service public d’initiative privée dont l’indépendance ne pourrait être mise en cause.
Je suis en train de monter cela avec les outils du programme Atlas du RIPE sur une zone de 361km2 (of course), 7 répartiteurs cibles autour de l’Isle-Bouzon et le déploiement de 360 sondes Atlas.
Bon on peut l’appeler Observatoire Pyrénées-Gascogne si tu veux 😉
Montée en Débit hors Zones AMII : Du bon sens bien entendu quand on considère le niveau des investissements publics nécessaires pour construire le FTTH partout pour tous.
Les éléments bloquants : Le cahier des charges actuel de la Mission THD empêche de passer directement au THD par voie Radio – LTE Fixe – pour les zones Rurales hors AMII. Tout ramène inlassablement au Réseau Cuivre historique (obligation d’installer les NRO RIP dans ou à proximité immédiate des NRA FT, etc.).
Imaginer une solution en mode coopératif pour amener du fourreau au droit du SR dans des conditions où l’effort public soit valorisé : Oui, à la seule condition que nous considérions uniquement les besoins locaux, c’est à dire qu’on ne cherche pas à monter sur l’autoroute…
“depuis chez moi” : Tout simplement un changement de perspective. Anecdote vécue, déjà racontée ici ou là : En 2010, j’ai la chance de visiter le démonstrateur FTTH d’Orange dans le 92. Nous sommes si nombreux qu’il faut faire deux groupes. Le premier part visiter le NRO, le deuxième, dont je fais partie, reste dans l’appartement-témoin où sont installé TV HD, consoles de jeux, etc. Notre accompagnateur nous dit alors : “Vous êtes dans le mauvais groupe” [sic]. Alors que nous étions dans l’appartement, supposé être le centre des préoccupations de tous, n’est-ce pas ?…
Plus concrètement, il s’agit de considérer tous les services, applications etc. dont nous avons besoin ici et maintenant, ainsi que de prévoir (un peu) l’avenir. Gestion technique du bâtiment, maîtrise de l’énergie, communications, etc. : tout cela amène à réfléchir sur un modèle du “Vertical” (y compris le Vertical Couché des zones pavillonnaires et des zones rurales) où le point d’entrée/sortie serait une armoire hébergeant des équipements actifs, destinés à gérer tous ces services. Rien de bien nouveau ici : juste le principe du réseau local d’Entreprise appliqué au Résidentiel. Un Hub, sur lequel je viens connecter tel ou tel équipement pour telle ou telle application. Alors, en poursuivant la réflexion, on peut se dire que la solution réside (jeu de mots volontaire) sans doute dans l’assimilation du quartier ou du hameau à une zone d’entreprises. Et tout devient possible.
Faut juste aller un tout petit peu plus loin Marc. Plutôt que « assimilation du quartier ou du hameau à une zone d’entreprises » le fond c’est « assimilation du quartier ou du hameau à une entreprise » et, dès lors, vendre en l’état futur d’achèvement, puis construire et livrer ce réseau d’entreprise ou de campus, bref ce « CAMP » : Communication Access Master Plan !
Bien que nettement compétent que vous tous ( heureusement que vous etes là pour m’instruire!) je ne peux m’empacher de pousser un coup de gueule ….citoyen à ma façon 😉 http://websdugevaudan.wordpress.com/2014/12/14/numerique-rural-renverser-la-table/
Ben, mon colon, le cadavre bouge-t-il encore ?
Il se pourrait Bernard 😉
Peut-être que si nous reprenions encore une fois La Piste de la Canourgue quatre ans plus tard avec ce que nous savons et ce qui a muri dans nos têtes aujourd’hui, il y aurait matière à redonner des couleurs à Lazare !
Au printemps ?
Olivier, faudrait (peut-être), en préalable, mettre en place un « détecteur de foutaises », selon l’idée de Steve KEEN dans « L’imposture économique ». Aussi, dans le conte d’ANDERSEN, c’est un enfant qui dit que le roi est nu : nous sommes dans une situation où, non seulement le roi est nu, mais encore il est laid, bête et méchant.
Va pour « détecteur de foutaises » ! Après tout c’est une bonne formule pour introduire un observatoire ! N’oublions pas que dans le conte la nudité du roi apparaît d’un seul coup !
J’ai retrouvé, dans René CHAR, une citation qui semble correspondre à notre état d’esprit :
Il faut que les pouvoirs laissent leurs terres aux villages et à ceux qui les habitent aujourd’hui et dans les siècles.
Pour Jean-Pierre, je lui récris le concept de base : « le choix de la puissance » (face à celui de la vitesse)
Dans le livre de KEEN, en australien vernaculaire, « foutaise », c’est « merde de taureau ».
S’il y a quelque chose à réécrire dans Le choix de la puissance ce serait la phrase : L’application de l’architecture hypertétraèdrique à la sous-boucle locale (SR) paraît simple (et probablement moins coûteuse que de créer ex nihilo un filet à maille tridimensionnelle) en vue de la montée en puissance du réseau internet.
Il faudrait dire « paraissait simple » car nous ne pouvons plus douter maintenant que le roi ne lâchera jamais cette position d’où il impose son architecture panoptique. Il faut en somme proposer et construire une sortie de secours 🙂
@Bernard, @Olivier : Le chemin est encore long. La preuve en images : https://lafibre.info/ftth-la-fibre-optique-gpon-ou-p2p/ftth-rural-de-linversion-de-la-proposition/new/#new
Marc, à ma connaissance, il est beaucoup plus chaussetrappé que long : je n’ai jamais eu aucun doute sur le fait que les ingénieurs qui sortent de l’École Nationale des Télécoms connaissaient beaucoup mieux que nous la théorie des graphes. Conclusion fondamentale : ils nous enfument. (j’aime bien sûr l’échange sur le lien que tu nous donnes). Il existe deux manières d’être dans un réseau : (1) soit tu agis afin d’en devenir l’unique pôle : interdiction des relations symétriques ; (2) soit tu agis afin d’en boucher les trous : une relation symétrique avec tous les acteurs du réseau ; et toutes les manières d’être intermédiaires.
En 1991, au moment où IP devenait le standard international, il était évident pour nous que la technique FO, moins coûteuse et plus efficace, allait se répandre, telle une trainée de poudre dans le réseau télécoms des PTT, alors le meilleur réseau mondial des pays développés. Toi, tu le savais d’autant mieux que la SNCF fibrait à tout va son réseau de télécommunication avec de la fibre de 2 ou 3ème génération. Personne n’avait imaginé que les fonds d’amortissement financés par les abonnements au fixe ne soient pas consacrés, sans aucun délai à fibrer les NRA, puis les sous-répartiteurs. Raté pour cause de chausses-trappes … En plus, existaient des techniques palliatives (à la FO) permettant d’atteindre pour tous les abonnés un débit symétrique de l’ordre de 5 M/s pratiquement sans coût : la mutualisation de la bande passante entre les paires d’un sous-répartiteur. Plus une technique d’investissement au service des collectivités les plus dynamiques existait : le FACÉ, qui avait fait ses preuves, qu’il suffisait d’adapter au réseau télécom.
Le dernier compte-rendu du GRACO qui vient de sortir pointe que les investissements des RIP depuis la mise en œuvre de SDTAN (soit en quatre ans) atteignent pratiquement 19 milliards, soit un chiffre équivalent à la capitalisation non financière de FT. Faut-il hurler à l’improductivité des investissements publics ou à l’anti-efficacité intérêt public de la gouvernance de FT ?
Bien sûr que l’efficience du réseau mondial repose sur l’architecture ad hoc des réseaux locaux ; et (mais moins) sur leur interconnexion finale. La brique tétraèdrique parait la plus simple à organiser à partir de l’existant actuel et à portée de comprenure d’un ingénieur télécom normal.
J’emprunte la conclusion à John Maynard KEYNES : « La sagesse universelle enseigne qu’il vaut mieux pour sa réputation échouer avec les conventions que réussir contre elles. »
Le fil de discussion sur la fibre.info devient vraiment intéressant pour nous ici : Quelques nouveaux contributeurs semblent abonder dans notre sens…
Oui, certains abondent comme ici mais en soulignant, je cite : Le seul point noir de cette idée est qu’il faut trouver le modèle économique et technique qui permette de convaincre un maximum d’habitants d’y adhérer.
Cela (convaincre un maximum de gens dans un endroit donné) nous savons que c’est impossible. Ceux qui tentent l’aventure sont assassinés avant d’avoir eu le temps d’aller au bout. L’étrangleur à l’écharpe orange n’est jamais bien loin et il intervient en général assez vite 😉
Ce n’est pas le modèle économique et technique qui fait vraiment problème, c’est notre incapacité à le vendre face à la puissante propagande adverse dont les moyens sont dix mille fois supérieurs aux nôtres. Nous n’avons ni tambours, ni trompettes.
Zablo a raison sur un point : la difficulté à trouver le modèle technique, marketing et financier… Tous les exemples connus ne semblent guère s’appliquer à un chantier à fort cout de construction, taux d’abonnement pas top et FAI à faible renommée. Régie Elec ou, encore par exemple coopérative THD ne changent rien à l’affaire visiblement. C’est un pb de conception globale que nous avons à résoudre. Et je ne suis pas sûr Marc que ce que tu dis dans le fil de la fibre esquisse une piste. OU alors elle m’échappe.
Certains commentaires dans ce fil de discussion lafibre.info montrent un « frémissement », une prise de conscience, voire l’adhésion aux idées exprimées ici depuis tant d’années. Adhésion d’autant plus intéressante qu’elle vient de personnes directement impliquées dans l’aménagement numérique du territoire.
C’est bien Marc. Bravo. mais si on veut avancer il faut matérialiser des scenarii pratiques à pré-tester pour des secteurs peu denses, chers et parfois un peu compliqué…
La difficulté est bien là. La coopération suppose notamment à la fois une inscription dans la longue durée, un ticket d’entrée très faible pour chacun, un seuil critique de participants et une réciprocité sans indulgence.
Résultat des courses pour développer un modèle coopératif dans ce domaine comme dans d’autres il faut bien que ses initiateurs mobilisent un investissement considérable pour lancer le mouvement (très fragile au début et robuste bien plus tard dans le processus).
C’est cette équation impossible que nous n’avons pas su résoudre. Sans doute parce que nous n’avons pas su adresser la bonne race d’investisseurs ou plus exactement définir le bon produit d’investissement à leur proposer.
en phase… Je pense en effet que la priorité 1 est de définir le bon produit d’investissement à proposer. Cela suppose un retour sur investissement matériel et immatériel à caler. Faut que l’on soit hyper précis là dessus. Tant que je sais pas caler cela dans un tableur je ne sais rien…
Tant que je sais pas caler cela dans un tableur je ne sais rien… Effectivement et ce fichu produit n’est pas simple à cerner. Toutes nos explorations nous ont appris ce qu’il n’était pas ou ne pouvait pas être (ce qui n’est déjà pas si mal) mais l’image hyper-précise tarde à apparaître.
l’analogie avec une solution immobilière que tu esquisses est une bonne piste je crois mais dans ce fichu monde des telco, si mille-feuilles, on ne maîtrise pas les fondamentaux…
C’est plus qu’une analogie. Les fondamentaux, la toute première couche du mille-feuilles n’est pas précisément technologique ; la matière première maîtrisée par l’opérateur panoptique ce sont bien des droits réels immobiliers acquis et conservés principalement par détournement de biens publics avec la complicité active de l’État.
Le problème c’est que ce patrimoine historique ne peut pas déterminer autre chose que la poursuite de la montée en débit jusqu’à la fin des temps (amis du Lot, bonjour !) car il caractérise une architecture de réseau totalement inadaptée aux ambitions que nous partageons.
Il me semble donc nécessaire de stimuler le développement d’un nouveau patrimoine commun de droits réels immobiliers correspondants aux besoins des nouvelles architectures de télécommunication.
Dans ce nouveau patrimoine il y a des éléments plus stratégiques que d’autres à situer au premier rang. C’est autour de leur définition que je tourne depuis un moment déjà pour faire apparaître le produit d’investissement dont nous avons besoin avec un niveau de risque acceptable pour des perspectives de rendement significatives.
Comme vous savez je n’ai pas votre compétence, mes amis, et je ne m’intéresse à Internet que depuis que je suis à la retraite . Mais quand Marc pose cette question de bon sens (un nouveau patrimoine commun de droits réels immobiliers correspondants aux besoins des nouvelles architectures de télécommunication) je me pose innocemment la question de savoir s’il s’agit des infrastructures passives ( 1ere couche)dont je parlais dans ce billet d’il y a déjà près de 4 ans http://websdugevaudan.wordpress.com/2011/03/21/reseau-unique-dissipons-les-malentendus/ ??
Revenir aux origines. Les premières idées sont toujours les bonnes.
Il s’agit du support des infrastructures passives Pierre. En somme et pour le dire très vite de droits de passage (droits réels immobiliers) qui précèdent toute construction.
OK Olivier, Merci …et les infrastructures passives qui sont construites sur ce patrimoine doivent donc être publiques je suppose ?? quand je parlais de 3 couches dans mon papier http://websdugevaudan.wordpress.com/2011/03/21/reseau-unique-dissipons-les-malentendus/ est-ce que mon raisonnement était correct ? J’avoue être un peu paumé 😉
Oui, Pierre, tes trois couches se tiennent (1) infrastructure, (2) infostructure, (3) ce que tu appelles « services » mais qui est très ambiguë désormais parce que le mot désigne à la fois les services au sens de fonctionnalités (le web, le mail, l’IRC par exemple) et au sens de services packagés marchands ou non. En fait le 3 c’est très fourre-tout et à une époque j’avais appris de Claude Combes le terme « infoculture » pour traduire ce niveau 3.
Cela étant dit les infrastructures passives construites sur un « patrimoine commun » qui lui-même est la résultante de droits réels immobiliers sont a priori des « biens communs » et non des « biens publics ». Ils supposent en outre une gouvernance sur-mesure adaptée à ces « biens communs ».
Tu trouveras ici une excellente tirade filmée de Benjamin Coriat qui enfonce le clou avec passion et clarté, sans oublier in fine de reposer la distinction biens communs / biens publics. J’y souscris totalement sachant que l’expert ici ce n’est pas moi mais Bernard Garrigues 😉
Vraiment je t’engage à visionner ces 20 minutes de salubrité publique !
Deux remarques :
1/ Il est impossible de concevoir aucune entreprise « industrielle » nouvelle lorsque le graal est 30% de marge bénéficiaire. Cas, plus ou moins, du leader France Télécoms.
2/ Il y a 4 milliards d’années que notre terre se développe, sans aucun modèle ni économique, ni technique ; il y a, à peu près, 40 mille ans que la conscience commence à émerger sans que soit constaté une amélioration sensible du développement. Depuis le début de l’ère industrielle, le développement moyen global tourne autour de 1% par an : en pratique, il s’agit du développement de la population sur le très long terme.
Si nous en croyons Élinor OSTROM, l’organisation de la propriété et de sa gouvernance la plus efficiente est effectivement ce qui est répertorié comme bien commun : il n’existe aucune organisation de la gouvernance des biens communs dans le monde et son histoire qui ait visé autre chose qu’un système d’exploitation permettant une amélioration partielle du bien être de ses ayants-droit ; donc, une prétention très loin du 30% de marge bénéficiaire.
Résultat des courses : notre représentation nationale, dans son immense sagesse, mais surtout sous la pression des lobbyistes de l’économie financière, a décidé de mettre en extinction les biens communs existant en France par une loi du mois de mai 2013.
« mettre en extinction les biens communs » ? En les remplaçant par du COMMUN ??
Après visionnage de la « tirade » de Benjamin Coriat ( merci Olivier) j’ai la RAGE !
R essource partagée matérielle ou immatérielle
A cteurs auxquels sont distribués des droits
G ouvernance garantissant la manière dont ces droits et obligations sont distribués
E normite de travail à effectuer dans le domaine qui nous concerne !!!
Donc, si j’ai bien compris le « patrimoine commun de droits réels immobiliers correspondants aux besoins des nouvelles architectures de télécommunication…. c’est à dire le support des infrastructures passives ( droits de passage (droits réels immobiliers) qui précèdent toute construction) ce devrait etre du COMMUN . ? , Et quid des 3 couches d’ infrastructures http://websdugevaudan.wordpress.com/2011/03/21/reseau-unique-dissipons-les-malentendus/ ??
« Ne pas nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde » !
Alors nommons concrètement ce que l’on voudrait voir dans la « grande loi numérique » …du moins, pour ce qui me concerne, pour l’hyper ruralité http://websdugevaudan.wordpress.com/2014/09/14/l-hyper-ruralite-dans-la-future-loi-numerique/ ! Vaste programme !!! mais gros travail à faire en toute (nécessaire) utopie !
Bernard, sur le sujet rural, la question n’est pas de faire 30% de rendement capitalistique je crois mais simplement de trouver un montage qui permette de lancer quelque chose. Quand on parle de « modèle », nous voulons dire pouvoir devant quelques dizaines de personnes, des gens comme toi et moi, expliquer que l’argent que ces gens là pourrait mettre dans un projet ne serait pas perdu… et à minima ferait levier.
Je suppose que tu parles de la LOI n° 2013-428 du 27 mai 2013 modernisant le régime des sections de commune.
Parfois, on a la solution sous le nez et on ne la voit pas.
Lu dans le reportage sur ce barcamp protéiforme tenu ce week-end dans un chateau francilien « Trois jours à refaire le Monde » http://rue89.nouvelobs.com/2014/12/15/trois-jours-a-refaire-monde-chateau-256575 :
« Le datacenter d’habitation veut être un moyen de faire baisser la facture de chauffage. Mais pas que.
Si dans un immeuble de 800 m2, tu mets 80 m2 de data center – ce qui équivaut à 20 racks –, cela rapporte 500 000 euros par an. De quoi en rembourser intégralement l’achat en quelques années. »
Un micro-Datacenter individuel ou partagé entre voisins mitoyens, comme une micro-station d’épuration est partagée entre quelques habitations. Permettre à chacun de disposer d’une capacité de stockage à proximité immédiate. Premiers noeuds du réseau local villageois…
Pierre, pourquoi attendre de la loi et les règlements ce que nous pourrions concevoir nous-mêmes ? J’avais relevé (et commenté dans le registre télécom) un article d’Alain Lambert (initialement notaire puis aujourd’hui Président du Conseil Général de l’Orne après avoir été un temps Secrétaire d’Etat au Budget) : Comment conjurer l’intempérance normative ?.
Le code civil, dans son article 1134 alinéa 1 (de la force obligatoire du contrat en France) suffit à produire toutes les combinaisons qu’il peut nous plaire d’imaginer pour produire et gérer nos ressources.
Ne sommes nous pas capables par nous-mêmes de conjurer l’intempérance normative en matière de télécommunications pour libérer l’innovation ?
Les propos de M. Lambert sont intéressants. Merci Olivier. Ils illustrent bien l’esprit de la rupture organisationnelle à matérialiser pour faire projet en ruralie. Dans les commentaires que tu fais, suite à ce post de M Lambert, la libération de l’aval, versus opérateur virtuel de services, suppose toutefois l’existence d’un amont versus existence d’un réseau Fttx… or dans notre cas, on reste pour le moins démuni. Le problème serait même inverse : comment créer un opérateur infra (amont donc) qui serait « sûr » d’avoir des clients aval (FAI)… N’est ce pas ?
Tu as sûrement raison Olivier mais à mon (grand !) age et vu la désertion de ma base lozérienne en saison hivernale je n’ai pas le courage. Par contre je pourrais proposer un petit truc à mettre dans la future loi à des députés ‘( des deux bords !) que je connais bien .mais QUOI concrètement ?
Que penses tu de ma proposition exposée dans mon papier
http://websdugevaudan.wordpress.com/2014/09/14/l-hyper-ruralite-dans-la-future-loi-numerique/
« Construire en zones hyper-rurales un réseau public en « mariant » le réseau de l’opérateur historique ( seul réseau présent dans ces territoires) et le(s) RIP(s) local (aux)
La loi doit prévoir, à minima, l’expérimentation d’une solution de ce type dans un territoire pilote etc…. »
@Pierre : STP arrête avec les expérimentations et les pilotes. TOUS les départements sont « pilote » de quelque expérimentation à un moment donné, par la grâce de l’opérateur historique.
De plus, le « mariage » entre le réseau Orange et le RIP est d’ores et déjà acté dans tous les SDTANs, puisque aussi bien le cahier des charges de la Mission THD pour l’obtention des subventions FSN Fonds pour la Société Numérique impose que le réseau d’initiative publique emprunte les infrastructures génie-civil de l’opérateur historique. En particulier, les NRO doivent être installés dans les NRA…
Ce dont nous avons besoin :
– Réduire le délai autorisé pour la complétude des zones arrière des Points de Mutualisation ARCEP : Passer de 5 ans à 2 ans maximum ;
– Libérer le dessin du réseau d’initiative publique, en autorisant les subventions sur les NRO et PMR indépendants des locaux FT-Orange ;
– Permettre l’implantation de PM dans chaque village ou hameau, de taille adaptée à la couverture des foyers considérés, au lieu d’imposer les PMZ de 300 ou 1000 prises FTTH ;
– Autoriser la desserte NRO-PM par voie Radio à très haut débit (LTE Fixe).
Avec ces trois points, tu boostes le déploiement du THD Rural, en t’affranchissant de la main-mise de l’opérateur historique.
clair, précis ! Je vote pour.
Moi aussi tout à fait pour 🙂
Et j’en profite pour souscrire à ta remarque précédente, Jean-Pierre : la libération de l’aval, versus opérateur virtuel de services, suppose toutefois l’existence d’un amont versus existence d’un réseau Fttx… or dans notre cas, on reste pour le moins démuni. Le problème serait même inverse : comment créer un opérateur infra (amont donc) qui serait « sûr » d’avoir des clients aval (FAI)… N’est ce pas ?
Vous pouvez me mettre tout ça en langage compréhensible par ma femme de chambre…je veux dire par un député moyen 😉
j’avais un patron qui me disait lorsque j’avais fait une note « fais la lire par la femme de ménage et si elle comprend tu diffuses » !
Si non lorsque tu dis « le mariage entre le réseau Orange et le RIP est d’ores et déjà acté dans tous les SDTANs » je veux bien mais sur des territoires en peau de léopard !!! Bonjour l’égalité territoriale ;-),
Peut-être sans le vouloir tu viens de souligner l’essentiel Pierre !
La question n’est pas de rendre cela compréhensible par un député moyen car rien de tout cela ne peut (ni ne doit) trouver sa place dans la loi quand l’usage raisonné du code civil suffit parfaitement.
La question c’est de rendre cela compréhensible et désirable par tout un chacun, sinon par ta femme de chambre ou mon valet de pied du moins par n’importe quel propriétaire soucieux de la valeur d’usage de son patrimoine.
L’égalité territoriale ? Oubliée, volontairement ou pas (la force de persuasion de l’opérateur historique est extra-ordinaire).
La meilleure preuve, qui va dans ton sens quand tu parles de « peau de léopard » : Les Zones AMII. Ingénierie imposée par le Régulateur : Mono-fibre, c’est à dire une seule fibre arrive chez l’habitant. Problème : Si l’ingénierie du RIP, hors zones AMII, est Bi-Fibre, c’est à dire deux fibres chez l’habitant, alors on crée de-facto une fracture numérique.
En effet, nous sommes nombreux dans le secteur de l’aménagement numérique des territoires à préconiser le Bi-Fibre : une fibre pour le TriplePlay des opérateurs Grand-Public, une fibre pour « les autres services », dont le Service Public (on ne rêve pas : certains départements mettent en place des initiatives très intéressantes dans ce domaine, cf le Loiret). Considérons donc un territoire sur lequel des services publics sont proposés sur cette deuxième fibre. Question : Comment fait-on sur la zone AMII, étant donné qu’il n’y a là que une seule fibre, réservée par définition aux opérateurs privés ?
Tu peux rajouter ce point à ta liste de courses pour tes élus.
Ce que la représentation nationale a détruit ce sont les biens communs comme « pseudo établissement public ». C’est à la fois très déguelasse parce que c’est spolier les propriétaires historiques en les privant de leur potentiel à les valoriser (à créer de la Valeur Ajoutée Brute, dirait l’économiste de permanence) et très con parce que les biens communs font partie de l’économie de rez-de-chaussée (dirait Fernand BRAUDEL), base de la pyramide économique et que c’est elle qui s’est cassée la gueule sous les coups de boutoirs de la doxa néolibérale, passant de 40% du PIB en 1949 à 17% en 2012.
Reste, comme certains le disent, les principes juridiques de notre droit ancestral : la possibilité de mettre au point des contrats bâtis sur la logique des biens communs (qui ne bénéficieront pas des prérogatives de puissance publique). Les lobbyistes ont aperçu le risque : vous entendez de plus en plus souvent parler de « contrat légal » pour des contrats dont les clauses seraient fixées par la loi (comme, par exemple, la proposition de contrat unique de travail) ; autrement dit : « le contrat subi ». Le contrat légal fait aussi tomber le concept de contrat implicite … par exemple, lorsque tu donnes un coup de main à ton voisin : que du bonheur …
Ne pas oublier, non plus, que refiler le réseau national de télécoms à FT est une spoliation pure et simple commise par l’État : ceux qui ont un peu de bouteille et de mémoire se rappellent fort bien que lors de la généralisation du téléphone (à l’époque Giscard), tout le monde avait droit au téléphone en payant la prise à 900 francs (soit les deux tiers du revenu mensuel de l’époque) : le réseau appartient aux abonnés, pas à l’État. La disposition du réseau pour les habitants des villages (ou pour les ayants-droit d’un sous-répartiteur) est donc naturel et les RIP à 19 milliards, une aberration abusive.
Jean-Pierre,
Dans le PIB, il y a deux colonnes égales : les ressources (la somme des Valeurs Ajoutées Brutes) et une colonne emplois qui décrit comment est partagé la VAB. Dans l’économie numérique, pratiquement (il y a quelques salariés) toute la VAB est conservée par la gouvernance (c’était les caractéristiques du système féodal). Il te suffit de rapprocher les CA des quelques gros du secteur avec la participation au PIB de l’économie numérique (pour faire simple) afin de le constater. S’ils prennent tout, il reste rien pour les gens normaux : tu peux faire levier, oui, mais dans le vide. Pour quelle raisons crois-tu que nous constations l’union sacrée pour élaborer des bacs à sable à ceux qui rament ? Il y a en eu pas mal d’études pour faire miroiter les points de PIB dus à l’économie numérique.