A RESEAUX HAUT DEBIT LOCAUX, SERVICES (AUSSI) LOCAUX

Et si l’efficacité des investissements numériques des collectivités territoriales dépendait aussi de leurs capacités à co-inventer de nouveaux services en ligne? En lien avec une contribution publiée voici quelques jours, ce second texte aborde cette vaste interrogation en tentant d’esquisser les grandes lignes d’une plate-forme de E-services de proximités augmentées.

Les organisations publiques ne doivent-elles pas aussi s’efforcer de rendre plus visibles et plus variés les bénéfices de leurs investissements numériques ? Dans ce domaine, l’un des premiers retours sur investissement ne consiste-t-il pas à augmenter leurs « capacités services publics » via les réseaux déployés ? Vastes questions autour desquelles nombre d’acteurs du numérique travaillent. Motivé par la pression positive de la DATAR et du groupe de réflexion qu’elle a organisé sur « Territoire et numérique »,  j’ai donc passé quelques jours cet été à parcourir la toile à la recherche de solutions de services de proximité. Voici les résultats provisoires de ce premier exercice personnel.

Un bouquet de services dédiés proximités augmentées ?

Mes cheminements estivaux se bornent à ce stade à esquisser l’un des agencements possibles d’un plate-forme de services de proximités augmentées fonctionnant en interactions avec l’espace public euclidien ; tous deux constituant notre désormais double monde contemporain.  Ils proposent dans cette optique une liste non exhaustive de services qui semblent participer d’une augmentation de la quantité et de l’intensité des liens de proximité.  Le concept de « proximités augmentées » s’inspire directement des travaux sur la réalité augmentée et sur la ville 2.0. Il exploite également les réflexions de Pierre MUSSO sur les « territoires augmentés» . Il se fonde sur la stimulation et sur l’intensification des interactions entre territoires et services Web en ligne  ; il postule que cette stimulation serait de nature à enrichir la force des liens entre individus, groupes humains et espaces géographiques de proximité.

Pour illustrer ce que pourrait être une telle plate-forme orientée proximités augmentées, nous avons choisi de partir de l’existant et de réunir dans la figure ci-dessous une série de solutions déjà opérationnelles ou expérimentées. Il ne s’agit bien sûr pas de modéliser une plate-forme mais de montrer, d’une part, l’intérêt de ce qui existe déjà et, d’autre part, les complémentarités entre numérique et territoire pour discerner des directions possibles. La plate-forme de travail s’organise selon deux axes.

Un premier axe, en abscisse, travaille la question de la logique organisatrice de la coopération numérique public – privé. Il distribue les services selon le type de maîtrise d’ouvrage possible. Il distingue les services qui paraissent devoir être les bases du contrat social numérique, à garantir donc par la puissance publique, et des briques d’initiative privée qui s’intègrent dans la plate-forme pour l’augmenter dont l’initiative peut être à dominante privée.

Le second axe, en ordonnée, s’organise selon une échelle qui va du « local » au « global ». Il cherche avant tout à esquisser une logique de subsidiarité de l’action numérique publique orientée services. Il distingue les solutions de dimension nationale, quasiment garantes de l’égalité des citoyens numériques sur le territoire national, et des services qui doivent davantage s’adapter aux spécificités territoriales. La figure distingue également, dans les codes couleurs, trois types d’acteurs publics ou privés. Elles suggèrent enfin, dans les couleurs en dégradé, de possibles coopérations.

JP Jambes 2011

Quelles « augmentations » ?

Globalement, l’esquisse de plate-forme de proximités augmentées permet de distinguer plusieurs directions d’augmentations, non hiérarchisées, qui s’intègrent toutes dans un véritable processus de développement local au sens de la contribution n°1. Nous en avons distingué quatre.

  1. Les services agrégés dans cette plate-forme virtuelle de travail produisent tout d’abord de nouvelles capacités d’actions et d’interactions. Les quelques exemples donnés dans la figure ci-dessus paraissent éloquents.  Meilleur visibilité de l’existant territorial, nouveaux services, médias interactifs locaux, jeux de découverte des territoires (…), la liste est longue. Elle pourrait d’ailleurs l’être bien davantage.
  2. Les exemples proposés dans la figure ci-dessus pointent ensuite une seconde direction d’augmentation, plus immatérielle mais sans doute tout aussi importante. Elle réunit les solutions qui cherchent à rendre visible une partie de l’invisible de nos proximités. Réseaux de solidarité locaux, à l’image de Tyze ou d’Angers, outils de co-management des services publics d’hyper-proximité comme à Mérignac, qualification des ambiances urbaines comme le propose Glow, facilitation des relations de proximités (…), ces solutions augurent de la possibilité d’expliciter et de qualifier une partie à la fois de ses besoins, de ses compétences et de ses demandes.
  3. Un troisième type de services réunit les solutions qui permettent une plus grande agilité historique ou temporelle. Dans ces domaines, on pense évidemment immédiatement aux outils de travail collaboratif synchrones et asynchrones qui offrent la possibilité d’adapter l’espace commun numérique aux rythmes de chacun. C’est une ressource importante même si elle s’avère désormais bien connue. Mais les potentialités du web s’avèrent bien plus importantes. Les plates-formes de réalités virtuelles, immersives ou augmentées, se révèlent par exemple particulièrement intéressantes à ce titre. Elles permettent d’enrichir les visites de lieux et de sites via l’agencement de véritables parcours historiques. En montant l’agencement de la ville où l’on déambule trois siècles auparavant, en rendant possible l’accès à des sites interdits au public ou en donnant la possibilité de visiter un bâtiment à peine esquissé sur un plan pour informer ou mieux consulter la, population, c’est toute une partie de la spécificité de la construction du territoire qui se dévoile. Les exemples du tourisme et du patrimoine fournissent à ce titre de beaux laboratoires.
  4. Ce sont ainsi, quatrième direction, de nouveaux gisements métiers et des services d’intérêt général qui émergent. Même si à ce jour, il ne semble guère exister encore de modèle socio-économique adapté. C’est d’ailleurs là une question que nous explorons dans nos travaux.

A plateforme de proximités augmentées, fournisseurs de services élargis ?

Cette première esquisse d’une plate-forme de proximités augmentées pose aussi la question de l’organisation de l’offre de services. Nombreux sont ceux qui militent à ce sujet pour une profonde évolution des logiques et des organisations dédiées. Peut-on par exemple imaginer des offres de services qui dépasseraient le monde des télécoms pour associer, dans une même offre en ligne, des solutions orientées aussi développement durable, développement social, solutions commerciales ou encore, par exemple, loisirs et tourisme ? Est-il possible de changer radicalement nos focales à ce sujet ? Pourquoi ne pas expérimenter aussi dans ces domaines ? A suivre…

35 commentaires sur “A RESEAUX HAUT DEBIT LOCAUX, SERVICES (AUSSI) LOCAUX

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  1. Tu prêches un convaincu, Jean-Pierre ! Rappelons nous nos discussions (et ton intervention à la tribune de RuraliTIC cet été) sur le thème « Mais pourquoi donc, les projets pilotes FttH n’ont-ils pas été orientés « services et nouveaux usages » !?
    Deux points, en complément :
    1- depuis j’ai assisté aux assises de la « médiation numérique » à Ajaccio fin septembre, et je reste persuadé qu’il s’agit là d’un axe important d’intervention des Pouvoirs Publics… Même si les acteurs eux mêmes n’ont pas été immédiatement réceptifs à ma sollicitation de faire le lien entre Médiation (dans et hors les EPN, Cyberbase, PIMMs, …) et Très Haut Débit… Les propriétés intrinsèques de la Fibre Optique (débit, QOS, faible latence, symétrie des flux, neutralité en mode multi-prestataires) devraient permettre de faciliter dans les territoires, ruraux en priorité, l’émergence de « communautés de médiation » tournées vers nos citoyens et ainsi permettre de « transporter » la médiation chez l’abonné…dans son foyer!
    2- même si Aumont-Aubrac (pilote FttH du 48) est un succès (cf ton récent billet),celui-ci est à relativiser quant à la motivation aux locaux à basculer immédiatement de leur ADSL 2+ confortable (le centre bourg, cible de l’expérimentation pilote est à plus de 12 Mbts/s Orange)… qui fait que le taux de transformation raccordables / raccordés / abonnés est encore « moyen »… (sic le responsable TIC du CG48 vu ce dernier jeudi…) d’autant plus que l’arrivée du FAI National Bouygues Télécom (et de son trop fameux 3-Play, AVEC bouquet TV) a été repoussée en janvier 2012…
    Pourquoi donc n’avoir pas envisagé dès le début de porter (après adaptation) la belle application de télé-médecine sur ce réseau (la rendant indépendante du prestataire historique) ?! Pourquoi, d’ailleurs et de plus, ne pas envisager d’instiller à cette occasion » une pincée » de raccordements de hameaux distants et isolés, pour bien matérialiser l’intérêt de cette application !?

    Bref, tout cela est encore trop timide… et manquant d’initiatives innovantes !
    Mais gardons l’espoir…

  2. (complément à mon commentaire précédent)
    Mais la question est de savoir quel prestataire (FAI, FAI dédié, Fournisseur de Service non lié à une infra support) est en mesure de prendre en charge la chose… et avec quel « business model » !?

  3. Aumont Aubrac, comme tous les réseaux ruraux expérimentaux, serait en effet une plateforme de test intéressante. Dommage que ni Altitude Infra, ni les FAI présent ne donnent un signe dans ce domaine.

  4. J’ai un peu du mal à saisir où va vet argumentaire.

    L’introduction laisse à penser que le déploiement du très haut débit ne peut être un succès, voire avoir un sens, que si de nouveaux services de proximité sont mis en place pour utiliser réellement cette nouvelle capacité de communication, et surtout pour permettre d’avoir une nouvelle expérience de la connectivité uniquement possible avec le THD.

    Je m’attend donc a voir apparaître une liste de services locaux très consommateur de bande passante, ou nécessitant une forte réactivité de l’infrastructure.

    Or sur la liste des services de proximité présentée sur le diagramme, je n’en ai vu aucune s’adressant au public et necessitant uen infrastructure 100MB symétrique. Et encore, le seul usage pouvant nécessiter une forte bande passante ( e-sante, restreint à l’imagerie médicale et encore juste la tomographie ) ne s’adresse qu’a une infime part de la population médicale quelques CH et cliniques.

    Certes, tous les services listés sont utiles et vont, une fois disponibles, augmenté les possibilités des usagers, mais elles vont pouvoir ou devoir se mettre en place sans liens avec le THD, car elles ne le nécessitent pas, pas plus que la THD n’a besoin d’elles.

    Leur prise en compte dans les SDTAN, en tant qu’outil d’aménagement numérique du territoire, et non en tant que plan de déploiement du THD est une autre question, que je trouve, elle, très pertinente.

  5. Alors tout a fait d’accord pour dire que l’aménagement numérique doit prendre en compte les usages, et que ceux-ci doivent s’entendre en relation avec le territoire (pas besoin des sdtan pour servir la soupe).

  6. Les services c’est bien.. mais derrière tout ça il faut des serveurs, des logiciels.. et des clients utilisant des logiciels.

    Soyons réalistes, comment faire des services « locaux » avec des utilisateurs ayant un système d’exploitation fait par Mlicrosoft ?

    Les collectivités locales, les entreprises locales doivent avoir une indépendance vis à vis des fournisseurs de logiciels. C’est pourquoi le logiciel libre et ses diverses applications sont une solution à cette problématique de services.

    Cela évitera bien des dépenses aux collectivités et surtout cela permettra de déployer des services de niveau industriel sans trop se casser la tête.

    Si nous voulons « relocaliser » les échanges, il faut que les serveurs soient locaux et non pas géo-distribués comme le peuvent être ceux de Google, Facebook, Akamai..

    Tous ces services sont « centralisés » et gérés par des entreprises qui ne sont pas neutres, quel est la résilience d’un tel système en cas de panne généralisée ?

    Vous aurez un réseau FTTH communal.. bien vide, vous n’aurez plus rien à vous échanger..

    Avant d’arriver à faire des services locaux, il faudra se séparer de toutes les addictions externes :Facebook et autres services.

    Les informations locales d’une commune, méritent d’être relocalisés.. elles méritent d’être sur un serveur local.. situé localement, consommant de l’énergie locale.

    A quoi bon laisser le compte rendu municipal sur un serveur situé à Roubaix où quelquepart chez Google ?

    Quelques idées de services locaux :

    – Un réseau Wifi ouvert, municipal avec des informations utiles
    – Ce réseau pourrait être utilisé par le personnel communal (relevé de compteurs.. cadastre en ligne etc..) (pratique pour certaines interventions)
    – Le réseau permettra a la collectivité d’optimiser l’ensemble de ses consommations énergétique.. si il n’a pas l’obligation de le faire, ça pourra rapidement le devenir.
    – Un accès Voix IP gratuit local.. pourquoi pas des cabines téléphoniques gratuites vers la mairie ?
    – Une logique d’opendata ? (voir ce que la mairie de bordeaux fait)
    – Un service de dématerialisation complète des démarches administratives
    – Un service de sauvegarde à distance : Des archives municipales « ouvertes »

    N’oublions pas que le réseau FTTH local aura aussi besoin d’échanges locaux, pour la pluspart des opérateurs FTTH les échanges se feront dans un GIX bien loin de la ville équipé FTTH.

  7. Merci à Jean-Pierre de faire avancer le débat. Suggestions :

    1/ Je propose de traiter le diagramme comme représentation de deux dialogies : (1) public/privé ; (2) local/global. Les deux axes se coupe en leur milieu et chacun de nous applique son intelligence à intégrer les cas entrant dans un des quatre quarts.
    2/ Mais aussi un troisième axe représentant la dialogie heuristique/algorithmique, orthogonal aux deux autres, (donc diagramme en volume) comportant huit huitièmes. Voir si cela éclaire le monde internet et débouche sur de l’opérationnel.
    3/ Je constate que l’ami Jean-Michel BILLAUT, qui explore avec constance le monde du web, découvre parfois quelques perles qui en franchissent les portes de ses dimensions et parviennent à utiliser quelques possible de l’internet total.
    4/ Si nous voulons vraiment mettre en oeuvre le potentiel d’internet, la voie la plus simple, la plus prometteuse et la plus sûre reste celle de la montée en puissance de la sous-boucle locale et de la manière dont chaque sous-boucle locale s’imbrique avec ses voisines.
    5 Penser réseau et relations symétriques. Syncrétiser sans répit.

  8. Alex, je trouve que tes idées de services locaux apportent une dimension que j’ai en effet sous-estimé. Je te remercie. Je fais faire évoluer mon graphique en fonction des remarques de cet article. Je t’en parle.

  9. @ Jean-Pierre,

    En général, lorsque je repère une perle dans ce que trouve Jean-Michel, ce sont des gens qui se servent de l’application web afin de mettre au point une généralisation du potentiel internet (donc qui caressent mes marottes dans le sens du poil). Comme, je ne comprends pas tout (l’algorithmique un peu complexe m’énerve), dans tous les cas que j’ai repérés, j’ai fait un peu de provoc afin d’accéder à la logique (cela ne marche pas toujours : il existe pas mal de gens qui ont compris le modèle google) ; par contre, je n’ai pas formalisé ce que j’avais repéré de l’opération en notant les références. Faudrait que je me paluche tout le blog de Jean-Michel. En général, ce sont des cas qui soulèvent des mouvements divers et nombreux.

    Un autre point sur ton article :

    6/ Dans l’économie de la connaissance, lorsqu’un processus est codifiable et a été codifié, il n’a plus beaucoup de valeur : il ne crée plus de richesses. Un peu comme dans l’industrie,tout ce qui est mécanisable perd de la valeur. C’est Yan MOULIER BOUTANG qui a mis en évidence le phénomène.

  10. Je ne veux pas relancer de manière stérile une polémique qui nous a éloignée, Jean-Pierre, je veux juste réaffirmer qu’il y a fort peu de chance que les collectivités territoriales, embourbées dans leur impuissance politique et dans la novlangue du développement local durable, soient un jour éditrices de ces plateformes de proximité que tu appelles très justement de tes vœux.

    Dans le meilleur des cas, leurs déclarations d’intentions font naître d’assez jolis supports de communication où sont copiés/collés les travaux des uns et des autres mais il n’y a pas de véritable passage à l’acte. Voici un exemple que j’ai quelques facilités à observer de pas trop loin : Contribution de Zoomacom à la consultation du SDAN Cyberloire. Ce n’est pas une mauvaise chose, cela génère quelques missions utiles qui permettent à quelques rédacteurs/militants de vivre et la lecture en est toujours intéressante mais je le répète il n’y a pas de véritable passage à l’acte ou à l’échelle.

    Les plateformes de proximité qui donneront aux boucles locales la puissance qu’en attend Bernard vont émerger sans aucun doute. Je fais cependant ici le pari, entre nous, qu’elles seront l’œuvre d’entreprises de nouvelle génération en dehors de tout partenariat public/privé et sans contact structurel particulier avec les collectivités.

    Mon propos ne cherche pas à provoquer, c’est juste une opinion.
    Amicalement
    Olivier

  11. J’ai relu l’article version 1 à la lumière de tes remarques. Tu as raison. Je mélange 2 sujets : THD et services de proximités. Je traiterai THD dans un second temps. J’ai donc revu l’intro. merci bcp de ton aide.

  12. Olivier, quel plaisir de te revoir contribuer. On a pas tant de penseurs iconoclastes que cela dans ces coins des débats HD et THD ! Tes intuitions, tes idées m’ont toujours séduites et cela ne change pas. Merci donc de revenir.

    Ce qui nous différencie peut-être est que je crois encore dans la valeur forte des initiatives politiques locales. On ne renie pas 10 ans de territorial comme cela même si je connais, sans doute assez bien, les limites de l’action des collectivités et plus largement de la puissance publique. Mais je cherche toujours de ce côté là. Sans naïveté j’espère mais aussi sans renoncer.

    Nous convergeons de toute manière autour de l’idée que les vrais « changements » viendront d’entrepreneurs, de socio-entrepreneurs ou autres indisciplinés qui osent tenter, se tromper, recommencer…
    A très vite donc

  13. Merci Jean-Pierre,

    Notre seule différence est effectivement là et comme je suis, malgré tout, plus pragmatique que l’air que je me donne il me faut bien avouer qu’il faudra bien prendre la question en tenaille entre tes convictions et les miennes pour véritablement obtenir un résultat.

    On a pas fini d’en causer 😉

  14. Le réseau social local est un enchevêtrement de sous-réseaux, imbriqués les uns dans les uns. C’est cette imbrication qui permet l’autorégulation à peu près gratuite de la société locale Ce qui fait qu’une collectivité locale se développe ou s’atrophie, c’est la convergence ou pas des stratégies individuelles en stratégie commune.

    Ce qui caractérise, en fine, le pouvoir c’est que les citoyens lui confient la mission de partager, à peu près équitablement, la richesse créée ensemble (le PIB). Deux conclusions : (1) les initiatives publiques doivent s’exercer au point d’application de la société civile locale (renforcer la convergence) ; (2) elles ne doivent pas entamer le contrat social local. C’est possible à un maire de génie mais pas forcément gagné.

    Il me semble que dans la configuration actuelle, le seul service dont les acteurs locaux ont besoin de leurs politiques locaux, c’est le THD symétrique à la maison, pour tous. C’est un service synthétique. Vu comme cela, les actions de Jean-Pierre et d’Olivier sont sans doute différentes mais sûrement pas inconciliables.

  15. Dans tous ces échanges n’oublions pas que les flux réseaux sont bien souvent centralisés par les opérateurs.

    Un FREE et un SFR ne vont pas échanger sur place, c’est le cas à PAU non ?

    Je ne crois pas que Free soit raccordé au GIX de PAU pour échanger les abonnés FTTH ?

    Conséquences : Tous les échanges se passent via PAris ou ailleurs (A vérifier tout cela..)

    Il me semble important de différencier un peu les les réseaux Fibres.. Est-ce qu’une collectivité locale a besoin d’un opérateur pour ses données locales ? (compta et autres fichiers.)

    Désolé d’être concret, mais les services locaux passent par des serveurs, des applicatifs, des configurations, de la promotion, du suport aux utilisateurs, de la communication.

    Tout cela se fait.. si on utilise pas Gmail, facebook, twitter, google & co… il faut du service « local ».

    Mais est-ce que les services des communes sont dans cet état d’ésprit ?

    Est-ce qu’on ne laisse pas tout aux opérateurs et point final…

    Les services locaux pourraient créer beaucoup d’emplois (publics ? privés ?)

  16. Je confirme que, sauf changement récent qui m’aurait échappé, il n’y a pas d’échange sur place à Pau, via une solution de type GIX, entre FREE et SFR.

  17. C’est exactement pour ça que je ne pense pas que la solution viendra des « grands » opérateurs nationaux: Eux ont atteint une taille telle que, financièrement parlant, il n’est plus intéressant de participer au « jeu Internet » global, il est plus simple et moins cher pour eux en temps et en main-d’oeuvre de tout passer en Transit IP, avec lesquels ils peuvent négocier des prix intéressants – Ils ont pour cette raison une tendance à centraliser pour , comme on dis, « optimiser les coûts »…

    (J’ajouterais que, comme Olivier, j’ai assez peu confiance dans les collectivités locales: Mis à part quelques exceptions, toutes celles que j’ai vu n’ont comme objectif QUE de faire venir un ou plusieurs opérateurs nationaux, et sont prêtes à se prostituer en terme de subventions dans cet objectif, et SURTOUT de ne pas avoir à s’en occuper. « Acheter sa tranquillité », dans un sens).

    Par contre pour moi la solution viendra des multiples FAI locaux qui se montent, sous plusieurs forme juridique. Par exemple Tetaneutral.net, à Toulouse, est bien sur le le GIX de Toulouse, Lyon, Paris, et on y travaille activement pour les autres.
    Il y a aussi d’autres FAI disponibles dans les régions: Ka-Net, Wibox, Kiwi, …
    Des petits , certes, mais qui, *eux* veulent jouer le jeu « Inter-net ». Thomas G. parlais l’autre jour d’une solution de surveillance d’étable par webcam dans la campagne…

    Après, en terme de services locaux, oui, il faut voir ce qu’il est possible de faire : Retransmission locale de conseils municipaux, téléphonie gratuite entre habitants d’une même commune ou de communes voisines via le SIP, installer un Doodle pour réserver le terrain de boules,…

  18. A titre personnel, et dans l’optique de la situation financière actuelle, je pense que l’aide de la puissance publique ne doit pas, et ne peux pas, être financière. Elle devrait par contre jouer le rôle de facilitateur, d’arbitre voire même de dictateur vis à vis des multinationales du réseau qui cherchent plutôt à capturer la valeur pour elle-même, ou à défaut de faire de l’anti-jeu pour empêcher les autres d’avancer.

    Ce rôle, pour moi, concrètement, c’est:
    – Délivrer à des associations ou des collectifs de citoyens les autorisation de passage en domaine public, d’utilisation de poteaux ou de fourreaux, de pose d’armoire de rue et de mise à dispo d’un local si possible, de mise à disposition de points haut / clochers (pour les ponts wifi de collecte)
    – Mettre à disposition les cantonniers et le matériel adéquat, si il existe,
    – Assurer la publicité et le soutient des actions locales, par exemple en informant les habitants sur le très haut débit et en « accréditant » les intervenants, en particulier lorsqu’il faudra entrer dans les maisons pour y installer les prises,
    – Soutenir juridiquement les projets lorsque inévitablement ils se feront attaquer par France Télécom ou autres câbleurs,
    – Intervenir, lourdement, lors négociations avec les prestataires privés, je pense en particulier à la collecte fibre longue distance, que ce soit les autoroutiers ou les délégataires des DSP (*), en particulier sur les tarifs et conditions,
    – Intervenir aussi lors des conseils généraux pour éviter de se voir interdire de telles pratiques (ce qui ne manquera pas d’arriver si ces méthodes « Bottom-up » prennent de l’ampleur),
    – OBLIGER les prestataires techniques intervenant sur la commune (ERDF, Eaux, …) à poser des fourreaux et des chambres télécom, et en laisser un usufruit partiel à la commune et aux citoyens. Ces prestataires pourront, en échange, utiliser eux aussi ces infrastructures, ou bien les louer,
    – Ne pas hésiter à réquisitionner les infrastructures d’utilité publique qui passe sur les communes, je pense particulièrement aux fourreaux et aux poteaux télécom (**), entre autre.
    – Etre très souple quant aux règles d’ingénieurie: le « tout fourreaux » c’est bien joli quand il y a des fourreaux. Sinon, il faut rester pragmatique, même si c’est môche, même si le réseau est un peu moins fiable. L’élitisme sert surtout de prétexte à ne rien faire.

    (*) Pour donner une idée: En 2011, les tarifs de Covage-DSP (public, régulés), c’est *minimum* 1000€HT/mois pour un lien L2 entre 2 sites du département… à 100Mbit par seconde. Je ne compte pas ici les coûts fixes initiaux (Travaux, FAS, …). JUSTE le lien à 100Mbps entre un point A et un point B. Pour aller sur un GIX c’est plus cher (ex: 1200€HT/Mois pour aller à Paris).

    Si vous voulez du Transit IP ? Il vous en coûtera alors 1600€HT/mois pour 80Mbps… et pour 5 adresses IP (donc, abonnés). Royal…

    Et ça c’est les tarifs *publics* !!!! Payés avec NOS impôts ! Sachant qu’ils posent au minimum 24 fibres et que chaque fibre peux faire passer facilement 10Gbps… Je vous laisse faire le calcul de ce que serait ces les recettes (privées) de cet opérateur si sont infra était vraiment remplie, même à 50%….

    Simplement, ces conventions sont restée sur un modèle « ADSL » des années 1998, en terme de débit vs. prix.

    (**) A ma connaissance et malgré les demandes répétées de l’ARCEP, FT n’a toujours pas de convention publique et régulée quant à l’utilisation de ses appuis aériens. Sachant que dans le sud, c’est 99% de la desserte abonné qui est faite ainsi.

  19. Conversation intéressante. J’aime « Nous convergeons de toute manière autour de l’idée que les vrais «changements» viendront d’entrepreneurs, de socio-entrepreneurs ou autres indisciplinés qui osent tenter, se tromper, recommencer… » à rapprocher de cette discussion donc https://numericuss.com/2011/10/03/amenagement-numerique-du-territoire-quelques-details-qui-n%E2%80%99en-sont-pas/ . Alors merci à tous les architectes du numérique pour synthétiser tout ça. Je pensais à ça si tu veux peut être collaboratif pour préciser ton schéma de plateforme http://www.mindmeister.com/ et je confirme que numericuss est plus facile à lire sur Mobile que sur Pc.

  20. La question qui demeure est toutefois de savoir si il faut tenter de modéliser un bouquets de services aussi de proximité ou si l’on laisse chaque internaute faire son propre bouquet avec une offre data symétrique et costaud. Je suis pour la solution 1 qui offre l’avantage d’adresser plus de mondes et de démocratiser des solutions à plus-value. Dans ce cas, et si je ne suis pas le seul à être sur cette position, l’enrichissement de ma petite esquisse de services, cf figure, est utile. Qu’en pensez vous ?

  21. La lecture sur pc est ok, juste plus fluide et plus utile sur mobile mais quand meme l’url Numericuss bloqué en interne sur mon bureau irlandais. Je pense que l’IT ici n’aime pas la plateforme wordpress. Bonne journée.

  22. @ Jean-Pierre,

    Merci à Jean-Pierre : tu as le don de poser les questions auxquelles je n’ai pas de réponse soit parce que je ne suis pas compétent soit parce que je n’ai pas trouvé (encore) comment cela marche.

    Tu as bien conscience (1) que l’alternative que tu poses n’en est pas réellement une ; (2) que la première proposition peut-être facilement remplie par un zinzin informatique dédié du genre : »chaque français dispose d’un ordinateur ayant un accès au net symétrique à 100 M/s comportant les applications suivantes : …. ; (3) que la deuxième proposition existe déjà : c’est l’application web généralisée.

    Ce ne sont pas les solutions techniques qui font défaut mais l’absence de volonté politique, alimenté par le fait que notre gouvernance a bradé les moyens dont elle disposait afin de répartir les richesses créées (de manière a minima égalitaire).

    À partir du dilemme que tu nous poses, je répondrais que la fracture est entre ceux qui crois que la création de valeur (1) c’est une intelligence + des données ; (2) c’est trouver un moyen de numériser le processus de l’intelligence face à l’ensemble des données.

    Le répertoire exhaustif des services reste bien sur indispensable afin d’avancer ; surtout s’il est basé sur une grille d’analyse. Le répertoire d’Obinou basé sur le champ du possible est aussi indispensable

  23. J’admets que je suis partagé sur les « bouquets de services »:
    – D’un coté ça fait certainement baisser les coûts unitaires de chaque service en répartissant les coûts sur tout le monde, y compris ceux qui n’utilisent pas ces services, tout en permettant un plus gros levier financier pour réaliser de plus gros projets.
    – D’un autre coté, à mon sens, ça peux aussi uniformiser les offres et bloquer les idées nouvelles, en entérinant certains usages « majoritaires » (cf. discussion récente). C’est ce qu’on vois sur le triple-play aujourd’hui, et c’est à mon avis grave car ça impacte les décisions des développements futurs, en terme d’infrastructure (GPON, asymétrie entre autre).

    Par exemple, moi je paie un abonnement triple-play, alors que je n’ai pas de TV, et que je n’utilise pas la téléphonie fixe de l’opérateur car je n’aime pas les contraintes qui y sont attachée, et que je trouve la qualité mauvaise.
    Par contre j’aurais bien besoin d’une ligne symétrique pour mon boulot… qui n’est pas offerte.

    Pour moi, les 2 offres restent indispensables: Comme dans le commerce « normal », si des bouquets de services existent, il faut veiller pour autant à proposer ces services indépendamment également, avec une offre de raccordement « basique ».

    Car, même dans les villages (surtout dans les villages !) il faut promouvoir non seulement la décentralisation des services (histoire de créer de l’emploi local) mais aussi la différenciation des gens – en reconnaissant qu’on est pas tous des clones qui voulons la fibre pour tous regarder les matchs du samedi soir sur Orange Foot.

    Parmis les services que tu imagines dans le schéma ci-dessus, certains peuvent être de simple sites web, hébergé chez OVH, et d’autres nécessitent eux par contre une bonne connectivité locale (Vidéoconf). Certains encore n’ont aucun besoin de connectivité (Imprimante 3D), juste de réseau de personnes.

    Pour moi le mot-clé qui compte, c’est « démocratiser des services » , et pour ça, il faut 2 choses:
    – Que la connectivité efficace soit là (c’est – pour moi un pré-requis et implique du THD symétrique neutre, car c’est le préalable à tout service innovant à venir – et c’est pour ça que c’est si important à mes yeux. Mais c’est aussi pour ça que ca ne l’est pas pour ceux des FAI actuels, qui ne peuvent pas imaginer que la révolution des usages peuvent se faire sans eux),
    – Que les pouvoirs publics s’y collent, en donnant l’exemple : par exemple, si l’on prend le partage de voiture, pourquoi ne pas monter ce site sur la plate-forme de la mairie ou de la communauté de commune ? Il faudra aussi assurer la publicité de ces services par plusieurs moyens : Lettre d’information, stand de démonstration lors des fêtes communales, … bref, une vrai implication du service public dans ces projets.

  24. Une bonne illustration de services locaux sur des réseaux locaux existe sur ce que l’on rencontre notamment en Suède où de nombreuses municipalités exploitent un kiosque de services sur un réseau d’initiative publique ouvert et neutre. On retrouve certes des usages classiques (type triple play) mais à la carte sous la forme d’une place de marché qui permet à de petits opérateurs d’accéder à un marché de proximité. A côté de cela on trouve des services de vidéo-surveillance, du stockage en ligne et surtout, des chaines de TV locales qui, au pays où le hockey est roi, permettent de suivre en direct les match de son équipe locale favorite même si celle-ci évolue en 4e division.

    Face au lobby des opérateurs et au modèle économique de la box, il y a peu de chance de voir des petits opérateurs de services locaux se faire une petite place. Sauf à ce que sur un RIP on leur réserve une offre activée. Je suis moins critique que certains vis à vis de la capacité des collectivités à initier un changement de modèle. Je crois même au contraire en la capacité et à l’initiative de certaines d’entre elles à relever le défi du nouveau monde qui s’ouvre à nouveau avec le déploiement du THD.

    Dans l’immédiat, l’erreur est à mon avis de réduire le FTTH à la seule problématique du débit. Or, le FTTH c’est avant tout une nouvelle opportunité en terme de services de proximité à condition de disposer de réseaux ouverts et neutres (donc publics ?). On parle notamment beaucoup du cloud aujourd’hui. Certaines collectivités commencent à se poser à juste titre la question de mettre en place des cloud public. A partir de là, pourquoi ne pas en profiter pour se doter d’une plate-forme de services ouverte et neutre pour héberger tout type d’applications ? Des applications qui pourront notamment trouver dans des données publiques ouvertes de la matière brute à exploiter et à valoriser et qui favoriseront une saine concurrence par les services.

    Le plus difficile est donc d’amorcer la machine et de créer les conditions techniques qui favoriseront l’ingéniosité et la créativité au niveau local de filières numériques qui ne demandent qu’à exister. Et sur ce point, la place des collectivités dans le cadre de partenariats publics / privés est incontournable pour favoriser l’émergence d’un éco-système numérique local vertueux.

  25. Analyse juste. Merci beaucoup.

    Je remarque toutefois que, lorsque des solutions neutres, Ftth, prises allumées, maîtrisées par la puissance publique existent, il n’y a pas d’innovation de la part des FAI locaux ou pas sur le marché des particuliers… Et il y a plusieurs dizaines milliers de prises de ce type en france… Juste pour tempérer cette tendance que nous avons tous à incriminer la technique pour masquer notre incapacité à innover dans ces domaines. Serait-on plus mauvais que les suédois ? ou alors il fait trop beau chez nous pour vivre en ligne ? 🙂

  26. Je suis plutôt d’accord sur l’approche de Pascal. La question résiduelle est « pourquoi des logiques qui paraissent évidentes et facilement partageables n’aboutissent pas ? »

    Un exemple est les conventions PPP : (1) de telles conventions demanderaient que les niveaux de connaissances (pour faire simple) entre les partenaires soient équivalents ; (2) en plus, la nécessité qu’un contrôle extérieur indépendant sur les résultats soit intégré dans le processus ; (3) il est meurtrier que des biens qui ont les caractéristiques de biens publics soient livrés aux logiques de marché (je pense au réseau de transport).

    L’avantage du « modèle » suédois est qu’il peut avoir un impact significatif sur le développement local, pour peu qu’il participe à la convergence des stratégies des acteurs locaux vers une stratégie commune ; par contre, son potentiel ne sera optimisé que (1) si le réseau local est cohérent avec le réseau de transport ; (2) si les sous boucles locales sont interconnectées, en plus, par proximité (d’une autre manière que par le réseau de transport). L’idéal, c’est le modèle suédois + le modèle australien.

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