Et si les investissements numériques publics se traduisaient aussi en ressources locales augmentées ? Chez Numericuss, nous en sommes convaincus de longue date. Et, fort heureusement, nous ne sommes pas les seuls. La plateforme de streaming équitable 1D touch en fournit une nouvelle démonstration. Comme WeekMeUp pour l’économie locale, 1D touch permet aux « sociétés locales », cette fois pour favoriser l’accès aussi aux œuvres indépendantes, de mieux exploiter le « numérique ».
WeekMeUp, 1D touch, toutes ces initiatives ouvrent ainsi la voie à une véritable exploitation orientée « services et usages de proximités » des investissements numériques publics.
1D touch, c’est avant tout une plateforme de streaming de qualité. Dans ses fonctionnalités, elle se rapproche de celle des leaders du domaine comme Deezer ou Spotify. Lancée en juillet 2013, 1D touch diffuse aujourd’hui plusieurs milliers d’artistes dont les titres sont accessibles depuis un ordinateur, une tablette, un Smartphone ou encore un appareil connecté.
Mais le projet 1D touch se veut bien plus que cela. C’est à la fois une plateforme de commerce équitable, une solution de promotion artistique maîtrisable par les acteurs culturels locaux et, à terme, un levier de diffusion d’autres types de contenus culturels.
La vidéo ci-dessous présente 1D touch.
Equitable, personnalisable et local
Alors que tous les services de streaming leaders du marché proposent aux artistes des rémunérations dérisoires, 1D touch a tout d’abord mis au point des solutions de rémunérations plus justes. Selon Eric Pétrotto, l’un des porteurs du projet 1D touch, 1 million d’écoutes chez Deezer ne rapporterait que 1500 euros au producteur et bien peu de choses à l’artiste. Difficile dans ces conditions de vivre de sa musique non ? 450 structures indépendantes se sont donc réunies, autour du projet 1D touch, pour inventer un outil de monétisation indépendant et plus équitable.
1D touch permet ensuite aux organisations partenaires de moderniser leurs solutions d’interactions avec leurs usagers. Dans le modèle économique actuel de 1D touch, les organisations culturelles territoriales financent en effet un certain nombre de comptes au bénéfice d’usagers locaux, des collégiens ou des lycéens par exemple. C’est le cas aujourd’hui de la vingtaine de structures déjà impliquées dans le projet. En contrepartie, ces bibliothèques, ces collectivités territoriales, ces entreprises ou encore, par exemple, ces associations peuvent construire leurs propres lignes éditoriales et promouvoir leurs choix artistiques en lien, par exemple, avec un spectacle, une manifestation, un événement local, qui trouveraient ainsi un prolongement musical.
1D touch se limite actuellement à la musique. Le projet entend toutefois demain aller plus loin. Livres, images animées, jeux vidéo, photos, la plateforme veut en effet se donner les moyens de diffuser, sur la base des mêmes modèles techniques et économiques, d’autres contenus culturels. Une solution Tv vidéo serait ainsi lancée en octobre 2014. Elle comprendra entre autre une solution de diffusion en stream qui permettra notamment de diffuser en direct des concerts, des pièces de théâtre ou des spectacles locaux.
Inventer les volets services et usages des SDTAN
WeekMeup et 1D touch préfigurent ainsi, avec d’autres projets et d’autres applications, quelques-unes des solutions à même d’enfin enrichir les modèles économiques des RIP très haut débit. Nous le signalions dans cet article d’avril 2014, la fertilité des investissements numériques pourrait bien s’avérer bien plus grande que celle des réseaux haut débit des années 2000. Je suis d’ailleurs de plus en plus convaincu que si l’on ne se donne pas rapidement les moyens de transformer ces infrastructures THD en services et usages locaux, nombre d’investissements THD pourraient bien prendre encore plus de retard.
Au moins trois conditions semblent toutefois indispensables pour réussir à concilier investissements numériques THD et usages numériques créateurs de plus-values locales.
- Dans les RIP 2, les investisseurs publics doivent tout d’abord se donner les moyens d’une véritable maîtrise d’une partie de leurs infrastructures réseaux, notamment pour leurs usages propres.
- Il paraît ensuite indispensable d’élaborer de véritables volets « services et usages » des SDTAN et d’inventer des modèles économiques adaptés.
- Il semble enfin nécessaire de penser par-delà les réseaux filaires et d’étendre les réflexions services à des applications « mobilité » associées.
C’est le sens des politiques numériques locales qui se dessinent par exemple dans la Sarthe, sous l’impulsion du département, ou encore à Saint-Étienne ou en Auvergne, notamment dans le pays de la jeune Loire et de ses rivières. Nous y reviendrons au sein des premiers ateliers des proximités augmentées d’octobre 2014.