Suite du 13ème symposium réseaux Data et ACOME de Hong-Kong.
Pour démarrer cette seconde partie, Ni Quiaque de City Telecom, un FAI de Hong-Kong, a remis tout le monde en ligne en demandant qui voudrait avoir 1 Gbps symétrique pour quelques dizaines d’euros ? Gros succès dans la salle ; JM Billaut l’a quasiment embrassé… Surtout quand Ni Quiaque a expliqué que cette offre 1 Gbps existe déjà dans son catalogue de services en nous invitant à nous installer ici. City Telecom a commencé à déployer ses solutions THD par les secteurs les plus denses, celles où vivent les personnes les moins riches créant ainsi une fracture numérique inversée… La desserte d’un logement tombe ainsi à 200 US$ en GPON pour des services de 100 Mbps à 1 Gbps qui démarre à 20 euros par mois avec un mot clé : la symétrie. Cette offre est d’ailleurs passée à 10 euros pendant quelques mois. Il ne se demande d’ailleurs pas si 1 Gbps est nécessaire et a d’ailleurs ouvert ses tuyaux à tous ceux qui proposent des services innovants… L’opérateur gagne bien sa vie avec des TRI de 18%. Il dispose, après celui de l’opérateur traditionnel, du plus grand réseau local de la ville. City Telecom est ainsi passé de la quatrième à la seconde position en termes de parts de marché, juste derrière le leader.
Christian PAQUET, un compatriote travaillant en Chine pour Huawai Technologies, a poursuivi la matinée pour présenter les projets de déploiement FttX, souvent en GPON, auprès des 400 millions de foyer chinois et d’une organisation très décentralisée en 31 provinces et 5 états autonomes. Dans ce marché très hétérogène, Huawai existe depuis 24 ans et emploie un peu plus de 140000 collaborateurs. La Chine compte un peu moins de 400 millions d’abonnés haut débit, gros consommateurs de services en ligne fournis souvent par des entreprises chinoises ; rappelons que Twitter, comme d’autres solutions telle Skype, sont interdites de toile en Chine… Tant pis, il ne liront pas nos tweets.
Takatoshi ARAI, de l’entreprise japonaise Fujikura Lmtd, a achevé la matinée. Le Japon compte environ 20 millions d’abonnés FttH ce qui permet au pays de pouvoir tirer quelques leçons de ce type de projet. Premier enseignement dans ce domaine, il faut d’abord tenté de réduire les coûts de déploiement d’installation comme de fonctionnement des réseaux THD. Pour cela, Fujikura a notamment pour cela réduit le nombre d’épissures et de points de connexion via différentes solutions, comme un connecteur type « FuseConnect », qui permet une épissure par fusion, ou le câble « Low Friction Indoor Cable » qui permet de mieux utiliser les fourreaux existants.
A propos de City Telecom et la fracture numérique inversée : sauf erreur, c’est le rôle normalement dévolu aux RIPs THD ici en France. Apporter l’accès à très haut débit à l’Internet là où les opérateurs privés ne vont pas (ou pas tout de suite). Le succès de ces opérateurs asiatiques en terme de pénétration montre donc que la clef se trouve ailleurs. Dans la réglementation, dans la stratégie de l’opérateur historique, dans les deux ?
A propos de la réduction des coûts de déploiement du #FTTH : c’est LA clef pour une couverture rapide de la totalité du territoire.
Depuis 2007, je crie haut et fort partout que nos méthodes sont obsolètes et inadaptées : obsolètes car identiques à celles que nous utilisions il y a 20 ans dans les réseaux longue-distance; inadaptées car justement issues du monde télécoms Professionnel Or, qui dit Fibre-à-l’Abonné dit… Abonné, c’est à « Résidentiel », c’est à dire vous et moi, CHEZ nous.
Les méthodes de construction du FTTH dans le domaine Privé doivent donc être le plus transparentes, invisibles, indolores possible pour les abonnés. Or, à ce jour, elles ne le sont pas : on doit toujours aller et venir dans les étages, percer des murs, passer une demie-journée chez Madame Michu… Le travail des techniciens n’est pas facile non plus : encombrement et poids des matériels, installations dans des endroits où vous-même n’oseriez pas passer plus de 5 minutes, risques divers par exemple dans les caves fréquentées par les drogués… Si l’on veut déployer le #FTTH partout tout de suite, il FAUT donc ré-inventer les solutions techniques et les méthodes d’installation. D’autant que les problèmes de main-d’oeuvre vont se poser, mais c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai très prochainement dans une présentation…
Pour l’Horizontal, les obstacles sont également nombreux, surtout dans les zones peu denses des grandes métropoles et naturellement dans nos campagnes. Chacun connait la part prépondérante du génie-civil dans le coût d’un déploiement : 80% du coût global. Certes, la réutilisation quasi imposée du GC France Telecom va faciliter les choses sur le plan technique, mais il restera toujours quelques points délicats qui « bouffent » du temps inutilement.
Ainsi : pourquoi la France a t’elle abandonné les câbles à structure ruban, qui permet la réduction du temps d’épissurage des câbles à forte capacité utilisés pour la desserte #FTTH ?
Ou encore : depuis le milieu des années 2000, les solutions de déploiement de fibre en aérien le long des lignes électriques basse et moyenne tension sont passées au stade industriel. En France, Axione est un des opérateurs d’opérateurs utilisant pleinement ces méthodes. Le « Plus » : la fibre en aérien inverse la proportion 80/20. Le Génie-Civil ne représente plus que 20% du coût global. Reste 80% pour : les câbles et les accessoires de câblage, la pose, les contrôles, etc. Donc 80% sur lesquels on peut agir ! Pour réduire encore les coûts de construction, ré-inventons les câbles, les boîtes de protection, les méthodes et instruments de contrôle…
Comme je l’ai déjà dit et écrit à maintes reprises ici et ailleurs : on peut atteindre l’objectif de couverture du territoire français, dans les budgets annoncés, si on passe en mode Construction 2.0 pour l’Horizontal ET pour le Vertical #FTTH.
Le problème : ce passage au mode 2.0 implique une révolution complète y compris des esprits – rappelons par exemple qu’en France un installateur facture du temps et non pas de la qualité. Pour l’avoir vécu de près dans le secteur du Test & Mesure, je sais d’avance la réaction des industriels présents sur le marché français : hors de question de changer radicalement quoique ce soit. Pour ne pas couper la branche sur laquelle ils sont assis…
C’est pourquoi, ici comme ailleurs, il sera nécessaire de faire entrer un ou plusieurs nouveaux acteurs, qui viendront bouleverser le paysage figé d’aujourd’hui.
Amis du #THD Français qui êtes réunis à Hong-Kong, faites moi plaisir : montrez moi que j’ai tort !
Tu as raison. 5 à 10% d’économie sur les capex travaux multiplié par le nombre de foyers à raccorder en France, cela change vraiment les modèles. J’ai remis ton message sur le #HKAcome.
J’ai un draft de présentation pour le Forum Altitude de l’an passé (que j’ai planté cause DSP92…) dans lequel je montre, pour la Fibre en Aérien dans les zones #Rural :
– On sait qu’on a inversé la proposition 80/20, donc on a une énorme plage de possibilités pour réduire le coût global des 80% Matériel + Install + Contrôles;
– Si on prend une base 100 pour le coût total avec les solutions actuelles GC + Matèriel etc., alors on a : GC = 20, Matèriel & co. = 80;
– Avec les technologies Fibre et services Web modernes, on peut réduire le coût global Matos + Etc. de 25%;
– D’où réduction du poste Matériel & co. de 80 à 60;
– D’où réduction du coût total de 100 à 80, simplement en repensant entièrement techniques et procédés à partir de solutions existantes sur le marché international.
En faisant un léger effort de R&D, on pourra encore diminuer les coûts et viser une réduction de 25% au global, soit une facture de 75 au lieu de 100.
Cet effort de R&D devrait être la préoccupation des entreprises françaises encore présentes sur le marché de la Fibre : il leur permettrait d’atteindre une position de leader mondial et d’empêcher les copycats asiatiques…
La proposition FTTH France est de mobiliser massivement le maillage du GC cuivre FT. Cette option paraît séduisante mais neutralise les hypothèses d’un réseau FTTH optimum et duplique un modèle économique de gestion d’infras réseau bien maîtrisé par FT. Hors, sans présager des coûts importants générés à étudier la cohabitation cuivre-fibre optique, le fait de mettre en concurrence le THD sur cuivre (via VDSL à venir…) et FO rend tout déploiement sur un territoire coûteux car multipliant à l’infini les interventions sur le réseau pour faire du raccordement client. Seul un plan national de migration des lignes cuivre sur l’optique apportera une visibilité aux opérateurs et aux équipementiers-entreprises de câblage et générera une baisse importante des coûts matériels et main d’œuvre avec de la R&D. A propos de l’aérien, la mobilisation des appuis communs EDF est économique pour la desserte ( sous réserve du respect des règles d’ingénieries sachant que les nappes de fils télécom sont souvent au maximum). Pour la collecte, la pose mécanisée permet de poser ensemble tuyaux + câbles à des coûts attractifs avec un indice de QS maxi. Sur ce point, un dialogue est à ouvrir avec le secteur du BTP, acteurs majeurs des déploiements réseaux (voir qui porte les DSP).
Les revenus sont à trouver sur les contenus, les services, pas sur les infras qui seront à déployer et à gérer au juste coût. C’est le rôle des RIP et des collectivités de s’équiper dans les meilleures conditions. C’est le rôle des opérateurs d’être innovants maintenant sur les services. Maintenir le modèle actuel fragilise les opérateurs qui se reposent sur le cuivre. Effacer le cuivre permettra aux différents acteurs de s’organiser car ce n’est pas la question des débits qui est en jeu mais bien celle de l’économie sur les services, les opérateurs étrangers qui auront un panier de plusieurs dizaines de millions d’abonnés FO pourront débarquer avec des offres plus fracassantes que celle de Free!
Sur le fond, tu as raison de signaler que l’un des facteurs décisifs de tout programme THD est à trouver dans la vitesse de migration cuivre / FttH. J’ai ce que je rappelle dans le bouquin à paraître. Toutefois, une fois que l’on a dit cela, que fait -on ? Tout plan de migration « forcé » paraît impossible car la boucle locale cuivre est propriété de FT. Nous ne sommes pas dans le cadre des ondes type TNT. Je n’ose même pas imaginer la lourdeur de la procédure d’expropriation à lancer pour « migrer à marche forcée ». As tu une autre idée ? Dans le bouquin, je développe plutôt un principe d’accompagnement de cette migration via le soutien d’un programme de services THD. A suivre
Une des clefs : offrir une ou des contre-parties équitables aux propriétaires qui permettent le passage du réseau dans leurs emprises. Cela va du propriétaire terrien au propriétaire immobilier. Vaste champ déjà largement exploré par le camarade Olivier Zablocki…