Je cite l’Arcep
La Corée est, avec le Japon, un pays précurseur du développement du très haut débit. L’impulsion prépondérante est venue des pouvoirs publics dans le cadre de leur stratégie de sortie de la crise financière asiatique de 1997. Un rapport de mission de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) dresse un état des lieux du très haut débit aujourd’hui en Corée.
Voici la synthèse proposée par l’Arcep dans son rapport
La Corée est, avec le Japon, un pays précurseur du développement du très haut débit (THD). Les premiers déploiements datent de la fin des années 1990. L’impulsion prépondérante est venue des pouvoirs publics dans le cadre de leur stratégie de sortie de la crise financière asiatique de 1997. Une priorité (encore plus) forte a alors été donnée à l’économie de la connaissance et aux TIC. Le développement des jeux en ligne a aussi joué un rôle d’accélérateur. La « Korea Communications Commission » (KCC) est un des bras armé de cette orientation stratégique. C’est à la fois un régulateur puissant des télécommunications et de l’audiovisuel et un responsable de la mise en œuvre de la politique industrielle tant des infrastructures que des services1.
Ampleur des déploiements du très haut débit fixe
Aujourd’hui, trois opérateurs de télécommunications et un ensemble de câblo-opérateurs disposent d’infrastructures fixes distinctes et sont à même d’offrir du haut et du très haut débit. L’opérateur historique couvre la quasi-totalité de la population en FTTx (99%) et les autres ont des couvertures très élevées. La couverture par le câble, de plus de 90% de la population, date des années 90. Elle était destinée à compenser les zones d’ombre très importantes de la couverture hertzienne de la TV2. Depuis 2005, les clients adoptent progressivement le THD (débit crête à 100 mégabit/s) qui représente d’ores et déjà plus de la moitié du parc, alors que le taux de pénétration du haut et/ou du très haut débit est parmi les plus élevé au monde (35% de la population et presque autant de connections que de ménages).
Le marché coréen est caractérisé par des abonnements haut et très haut débit résidentiels bon marché. Les offres des opérateurs sont assez proches les unes des autres mêmes quand les débits sont sensiblement différents : en moyenne, la différence entre des abonnements à 10 Mpbs et 100 Mbps descendants n’est que de 2 à 3 € sur un total de l’ordre de 20 €. Tous les opérateurs proposent des tarifs préférentiels – avec 15 à 20% de remise – lorsque les consommateurs acceptent des durées d’engagement conséquentes (36 mois).
Concurrence par les infrastructures sur le Fttx
Il existe ainsi une forte concurrence par les infrastructures. La géo économie de la Corée est certes le premier facteur explicatif fort : 500 habitants au km2 alors que la montagne occupe 70% du territoire ! Le «grand Séoul » représente presque la moitié de la population coréenne, 76% de la population réside dans les 10 premières villes et plus de 90% de la population est à moins de 5 km d’un nœud de raccordement de l’opérateur historique KT. À cette forte concentration, qui réduit sensiblement les coûts de déploiement, il convient d’ajouter des habitudes plus «pragmatiques» et moins respectueuses de l’esthétique urbaine que celles des pays européens, avec beaucoup de déploiements aériens en zone urbaine moins coûteux que notre génie civil souterrain. C’est probablement ce pragmatisme, y compris technologique avec des réseaux techniquement très hétérogènes, qui explique que l’écart de qualité de service entre le haut et le très haut débit ne soit pas aussi significatif pour les consommateurs.
Intéressant… Pour télécharger le document : rapport-mission-coree-2011
Le rapport de l’ARCEP fait apparaître, en Corée du Sud :
1/ Que les techniques dominantes sont des mix ;
2/ Qu’utiliser la fibre pour transmettre de la TNT est incongru.
Admirons l’efficacité de notre autorité de régulation : cinq jour de voyage pour une rapport de 80 pages, moitié en anglais, moitié en français..
J’ai lu le rapport.
Selon moi, en Corée, on a presque « l’idéal français » selon l’ARCEP:
– Une concurrence par les infrastructures, avec une variété technologie limité (et peu pérènne qui de plus est dans certains cas),
– Une poignée de (gros) FAI qui ont un modèle économique de rente basé sur l’accès
exclusif à un abonné captif pour longtemps (malgré le coût d’acquisition dudis abonné sur un marché saturé),
– Des réseaux opérateurs très gros et très hiéarchisés, presque sous forme de « circuits virtuels » (apportant inévitablement leurs lot de problèmes lié au trafic),
– Un régulateur puissant et omniprésent.
Je constate surtout le contraste saisissant avec la Suède, la Hollande, le Danemark par exemple, qui ont pris une direction radicalement opposé (Petits réseaux municipaux en IP, kiosques de services activés, multiples services possibles sur une seule ligne).
On verra bien quel modèle assurera le meilleur rebond économique dans ces temps de crise…
On remarque aussi une chose: Que lorsqu’on confie les rennes du pays aux telcos historiques, ce sont toujours les mêmes solutions qui reviennent, à base de centralisation et de financement biface.
Là ou justement, l’avenir est clairement (enfin, à mon avis) sur la décentralisation d’une myriade de micro-réseaux IP interconnectés, et une offre de services non exclusive et variée.
Je ne me fait cependant plus d’illusions:
Le modèle « bottom-up », qui aurait justement pu permettre, s’il avait été simplement mentionné voire encouragé dans les SDTAN, une évolution positive dans ce domaine d’avenir, a été purement et simplement ignoré par TOUS les pouvoirs publics (*)
En conséquence on est désormais condamnés à voir dans 25 ans certains autres pays européens monter dans le train du THD et surtout des services associés, pendant qu’on restera à quai pour encore très longtemps.
@Michel, là c’est plus « Mind the Gap », c’est « Watch the Step »….
L’exemple de Montataire est intéréssant de ce point de vue-là – A suivre de près.