Nicolas Menet et Benjamin Zimmer viennent de publier, en février 2018, « Startup arrêtons la mascarade ». Cet ouvrage paru chez Dunod me semble devoir être lu par tous ceux qui cherchent comment relocaliser de la valeur ajoutée numérique. Quelques bonnes raisons pour essayer de vous en convaincre.
Lire l’ouvrage de Nicolas Menet et Benjamin Zimmer, c’est un peu comme découvrir un nouveau parent ou revoir un vieux cousin oublié. On se dit « tiens, la famille des pro-numériques critiques s’agrandit ». Loin des arguments parfois mécaniques de fans du tout digital empêtrés dans un mode « startups only et mort aux 1.0 », tout aussi étrangers aux 1.0 qui oublient la force de la transition numérique, Menet et Zimmer esquissent une voie alternative.
- Ils rappellent les contradictions et les échecs du paradigme « startups sans régulation » actuellement dominant.
- Ils soulignent à quel point l’énergie créative de ce type d’entreprises représente pourtant un gisement capital d’innovations sociales, économiques, écologiques et technologiques.
- Sur ces bases, ils cherchent de quelles manières il serait possible de faire autrement en combinant énergies et créations durables de valeurs et de solutions collectives.
Le titre reste donc l’un des marqueurs les moins intéressants de l’ouvrage. Il pourrait laisser augurer d’un ouvrage anti startups, écrit par des romantiques 1.0 pourfendeurs de ce phénomène sans précédent. C’est en fait l’inverse. C’est une exploration de l’après startup Version 1, celle dans laquelle nous nous empêtrons toujours et qui provoque défaites après défaites face à des GAFAM colonisateurs triomphants. C’est un ouvrage qui prend le risque d’esquisser une ère startups Version 2 organisée autour de coopérations, de régulations et d’organisations à valeur ajoutée collective.
Pour inventer cette nouvelle ère digitale, Menet et Zimmer proposent un concept fédérateur, celui de profitabilité intégrale. Un concept qui esquisse des écosystèmes d’innovation de soutien à l’énergie startupienne organisés sur des bases différentes de celles qui président toujours aux innombrables incubateurs et accélérateurs actuels qui font les beaux jours des communiqués de presse politiques. Spécialisés et thématisés, comme ceux fondés sur la silver économie pour lesquels Nicolas Menet travaille, pensés en mode participatif, fondés sur des principes d’utilité et accompagnés par un réseau de partenaires associés, la proposition me semble potentiellement fertile. Annoncerait-elle quelque chose comme une possible fin du cycle actuel de soutien à l’innovation, dont les performances sont faibles, et l’émergence d’une nouvelle ère pour des politiques numériques à plus grande valeur ajoutée individuelle et collective ? On verra bien, mais, une fois encore, ouvrage à lire, je vous le dis. Merci cousins !
Voilà ce que j’ai reçu ce matin, comme beaucoup d’entre-nous :
https://beta.gouv.fr/startups/
Ce me parait quelque chose qui contrebat l’usage startup de l’internet industriel analysé par les auteurs que tu cites. Chaque commune dispose du pouvoir de créer une telle startup qui tienne compte de l’état des connaissances aujourd’hui … mais il est de même possible que cinq ou six acteurs locaux créent leur startup locale afin de conserver par devers eux en local a valeur ajoutée qu’ils produiront ensemble.
Merci Bernard. L’approche de la DINSIC qui expérimente la notion d’Etat plateforme est passionnante. Mais sans en faire une religion à accepter ou à refuser. On aurait intérêt à l’analyser en détail pour l’enrichir et l’adapter au niveau des pouvoirs publics locaux… En cherchant à comprendre tout ce qui manque encore pour y parvenir.
Gunter PAULI a préfacé cet ouvrage, un monsieur qui consacre son activité et son équipe à détecter et accompagner les futurs émergents vertueux … car il existe aussi des futurs émergents horribles.
À mon avis, il manque l’idée et les 5 ou 6 filles et gars qui formaliseront le projet et le prototyperont. Vu la puissance de l’idée que tu soulèves, il a besoin de 4 ou 5 ans pour réussir à diffuser. Comme géographe, tu sais aussi bien que moi que la fatalité du monde rural est la mise en friche de la totalité de ses ressources ; or il détient plus de 95% des ressources naturelles de notre pays.