C’est ce qu’il a affirmé lors de la sixième fête du Très Haut Débit de Mortain. Jérôme a parlé de chantier stratégique, de nécessaire vitesse de déploiement, d’innovation et de couverture totale du territoire…Autant de balises qui tracent les chemins commencés ici et là depuis une dizaine d’années, notamment par les collectivités territoriales. On ne peut donc que se réjouir de voir l’ARCEP sur de telles positions. J. Coutant s’est également interrogé sur les voies et moyens pour réussir un tel chantier, en particulier dans l’environnement financier et réglementaire contraint que nous connaissons ? Une question incontestablement d’avenir… J. Coutant pense que le cadre réglementaire français est le meilleur du monde. Mais dans ce domaine, force est de constater que beaucoup reste à convaincre.
Jérôme Coutant, membre du collège de l’ARCEP, est intervenu lors de la 6ème fête du très haut débit à Mortain, le jeudi 30 juin 2011. Il a présenté les positions de l’ARCEP et ses convictions personnelles. Pour lui le cadre de régulation français est celui qui répond le mieux aux enjeux actuels de régulation… M. Coutant a également affirmé le rôle clé des collectivités territoriales dans ce cas. Il estime qu’elles ont désormais les moyens de s’engager durablement dans ce chantier. Alors que le financement du FANT n’est toujours pas défini, alors que les déploiements sont conditionnés aux déclarations des opérateurs, alors que les modèles économiques des RIP sont dans le flou… nous avons été nombreux à être étonné de cet optimisme. Plusieurs études ARCEP annoncées pour la fin de l’année (étude juridico-financière RIP, évaluation investissements publics nécessaires pour le Ftth en zones peu denses…) pourraient nous permettre peut-être d’y voir plus clair.Il est à noter que les questions de péréquation, de financement ou de solidarité numérique n’ont pas été réellement abordées.
Pour Jérôme Coutant la France n’est pas en retard en matière de Ftth. Il est d’ailleurs optimiste pour ce grand projet d’intérêt général : le THD pour tous et partout. A vous de vous faire votre opinion en écoutant J. Coutant. A suivre sur numericuss les cinq autres conférences proposées lors de la fête du THD, une très belle journée dans cette formidable usine d’Acome à Mortain, au milieu des champs et des tourets de câbles.
A venir donc :
le cadre réglementaire réseaux Fttx par Guillaume MEHEUT (ARCEP), l’analyse comparée des modèles réseaux THD par Benoît FELTEN, la stratégie d’Altitude Infrastructure par Fabrice BALLART, Hervé TOUZEAU qui présente la, politique de France Telecom, Marc BOURHIS, DG de la Communauté de Commune de Coeur Côte Fleurie qui vient d’attribuer une DSP Fttx, et Marc FRENTZEL, Cisco, qui a parlé innovation services.
Le texte discours de J. COUTANT est ici tel que mis en ligne sur le site de l’ARCEP.
Beaucoup reste à faire effectivement !
A Laure de la Raudière qui ouvrait le colloque « internet solidaire » du 30 juin à l’assemblée nationale par » Internet va bouleverser l’ensemble de nos sociétés » .j’ai (gentiment !) répondu qu' »internet n’avait pas encore bouleversé, chez les décideurs, la façon d’aborder l’aménagement du territoire » et qu’il était temps de substituer enfin le critère espace au critère population pour que la France, qui dispose, contrairement à d’autres pays, de paysages magnifiques et très variés, exploite enfin cet ‘ »atout espace » qui fait sa spécificité et sa chance dans l’économie de demain !
1/ Je veux bien que la France dispose du cadre réglementaire qui réponde le mieux aux objectifs de la régulation, encore faudrait-il que la régulation ait pour objectif de rétablir l’égalité d’accès aux usages du net à l’ensemble des citoyens aux mêmes conditions : pas le B2B ou le B2C.
2/ Je veux bien que les collectivités locales jouent un rôle essentiel dans ce grand projet national. La réalité du terrain, c’est que 95% des collectivités locales ne disposent pas du niveau de compétence technique et juridique qui leur permettraient de conclure des contrats a minima équilibrés avec les opérateurs. En plus, il est nécessaire d’exploser la doxa sur (1) les services et les usages du net en matière de développement local ; (2) l’utilité (ou l’inutilité) du très haut débit (voire de la connexion à internet) de l’homo vulgaris perdu au milieu de nulle part.
3/ Je veux bien que l’ARCEP clame que la France n’est pas en retard en matière de déploiement du haut débit sur les zones très denses mais 80% du territoire est en zone peu dense et ce sont ces 80% qui ont besoin de ressources nouvelles (et inépuisables) afin de (1) équilibrer les « termes de l’échange » entre les territoires ; (2) créer des richesses indélocalisables permettant d’engager des investissements raisonnablement risqués. (Ceci, au même moment où toutes les recherches convergent qui montrent que le systèmes ville devient de plus en plus contreproductif).
Ceci dit, je reconnais que le discours de Jérôme COUTANT, tout hors sol qu’il reste, marque une évolution positive sensible de la pensée politico-administrative sur le sujet. Ce qui reste d’une grande incertitude, ce sont les défenses dont dispose notre système politico-adminstrative afin de résister aux toxines diffusées par les lobbies des industriels du net et de l’économie financière. Sans doute suis-je malveillant : je n’ai rien entendu sur l’intérêt public