Comment pourrait évoluer un réseau radio dédié zones blanches pour accompagner les besoins de montée en débit ? Est-il possible de concilier réseau radio et déploiement de projets ruraux Très Haut Débit ? Quelques idées.
Benoit Augier est l’un des responsables de Net64, une filiale d’Altitude Infrastructures créée pour la Délégation de Service Public dédiée aux zones banches des Pyrénées-Atlantiques. Dans ce département d’environ 240.000 lignes, 8.000 lignes restent en zones blanches. Elles ne peuvent être desservies par les solutions ADSL classiques.
Un Rip radio dédié zone blanche
Net64 s’adresse à eux. L’entreprise permet à ce jour de proposer à 6.400 de ces usagers une solution d’accès à l’Internet via un réseau radio Wimax comprenant 86 points hauts. Deux ans environ après la mise en service des premiers relais, 1.100 foyers et entreprises ont souscrit une offre. Organisation juridique, point sur le déploiement du réseau quasiment achevé, nombre d’abonnés, FAI clients, (…) Benoit Augier aborde les principales questions inhérentes à ce type de solution.
Cette concession de 18 ans représente un effort important de la puissance publique départementale. Ce RIP mobilise en effet un investissement de 8,9 millions d’euros dont 69% sont assurés par une subvention du délégant, le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, avec un appui du Feder. Il était donc important de tenter de cerner de quelles manières cette DSP pourrait évoluer afin d’accompagner les indispensables montées en débit des territoires ciblées. Benoit Augier a accepté d’aborder ces questions plus prospectives.
Le rôle d’un RIP radio demain pour soutenir de futures solutions très haut débit rurales ?
L’exemple de net64 est intéressant dans la perspective de la problématique de déploiement de solutions très haut débit rurales.
Il confirme tout d’abord que les solutions hertziennes offrent dés aujourd’hui des solutions efficaces et peu coûteuses de raccordement de futures plaques rurales THD, fibre optique par exemple, aux grands backbones du Web. Il rappelle ainsi que le devenir des futurs déploiements de boucle THD en zones peu denses dépendra avant tout de la rentabilité des projets et non de leur faisabilité technique, qui est avérée.
En esquissant donc un prévisionnel, certes rustique, d’un projet THD rural, on formule ainsi assez vite des hypothèses selon lesquelles les facteurs décisifs de ces projets résident (1) dans la maîtrise des coûts de déploiement, (2) dans la possibilité de mobiliser un principe de solidarité numérique versus péréquation, dans des proportions modestes, et (3) dans la capacité à transformer rapidement le plus de foyers ou entreprises possibles en abonnés.
Concernant le premier point, les chiffres annoncés de coût par prise, entre 1000 et 2000 euros par prise, montrent qu’il faut envisager aussi d’autres solutions. L’idée d’associer les futurs abonnés dans ces discussions, voire dans ces constructions, ne peut être ignorée ou évacuée d’un revers de manche technocratique au prétexte que c’est compliqué, que c’est long… Pourquoi ne pas essayer ? Si possible en évitant, tant chez les tenants du premier mètre que chez les adeptes des solutions classiques, toute position dogmatique… Nous avons recensé un nombre important de sites où cela est finalement assez facile. Il faut expérimenter maintenant.
Pour la question 3, qui aborde la courbe d’acquisition abonnés, à ce jour, rien ne vient infirmer l’hypothèse selon laquelle un foyer résidant en zone blanche, utilisant un mix tam-tam et corbeau pour transporter ses paquets IP, ne sera pas plus rapidement transformable en abonné THD qu’un ménage urbain résidant à moins de 3000 m d’un NRA et disposant de toutes les services ADSL. Rien ! Au contraire, les rares expériences connues montrant l’appétence des abonnés ruraux dans ce domaine. Prenez donc un prévisionnel réseau classique, je me suis amusé à reprendre mes vieux plans d’affaire éprouvés par mon optimisme de 2003 passé aux feux d’années d’exploitation réseau. Regardez la tête du TRI si le parc abonnés passe en 3 ans de 0 à 30% ou s’il plafonne, comme c’est le cas ce jour sur les plaques Fttx urbaines, à moins de 10% pendant de longues années… Je crois que cela se regarde. Je crois que cela se tente !
Bien entendu, le modèle ne fonctionnera pas partout sans un signal politique fort. J’aborde la question 2. On parle en ce moment beaucoup de cette (bonne) idée de séparer les infrastructures France Telecom des services. On risque je pense d’en parler longtemps. Je souhaite bien entendu me tromper… Mais étrangement, on n’étudie pas de péréquation, on se tait sur quelques principes que ce soit de solidarité numérique, on n’évoque pas l’utilisation des fonds tirés de la mine du cuivre… L’expérience m’a montré que, souvent, il fallait plus se préoccuper de ce qui est passé sous silence que de ce qui fait mode sémantique. Je suggère donc, à nouveau mais sans le moindre succès à ce jour, que les nombreuses initiatives locales ou discussions locales, se réunissent pour demander à l’Etat ce qu’il en est de ce domaine qui relève directement de sa compétence. Aucun réseau en France n’a fonctionné sans péréquation je crois…
Bien sûr que si (et depuis la préhistoire) : celui des sentes rurales. L’hypothèse est que c’est l’amour (des hommes et des animaux) qui tracent les premières sentes (comme de minuscules traces dans la rosé. Cela commence à prendre de la gueule au bout de mille ans.
J’ai aussi connu les adductions d’eau de hameau à la pioche et aux tuyaux de fontes.
Et le téléphone mobile de campagne dans les années cinquante !
C’est sûr qu’un coût de 1000 euros à la prise lorsque poste radio vaut 20 € chez Darty, ça pose question. Combien vaut la licence wifi ?
Mille excuses : il s’agit d’une licence wimax : je suppose que c’est le Conseil Général qui a soumissionné.
Il est sans doute opportun de revenir aujourd’hui sur cet entretien, maintenant que l’échec de Net64 est consommé.
L’inventaire des responsabilités (politiques locaux, cabinets conseils, opérateur délégataire), esquissé ici par Pierre Col, éclaire d’une lumière blafarde la lecture du projet de feuille de route de la mission THD avec ses « CLAN » (Comités Locaux d’Aménagement Numérique) à l’acronyme en forme d’aveu inconscient !
Imaginons demain un CLAN à l’échelle départementale dans lequel siègeront des conseillers municipaux délégués par les communes volontaires pour suivre la mise en œuvre du SDAN, c’est à dire de la machine à perdre.
N’est-il pas temps d’arrêter les frais !