La dernière édition des Rendez-vous de l’innovation touristique s’est tenue le 29 janvier 2019 à Pau. Centrée sur les sujets slow tourisme, les débats de cette journée se sont organisés autour d’une vaste interrogation : comment se donner les moyens d’inventer les produits touristiques de demain ? L’entrée que nous examinons avec les étudiants du Master Tourisme de l’Uppa concerne les stratégies numériques des entreprises comme des destinations touristiques engagées dans ces stratégies slow. En octobre 2014, nous avions en effet été frappé par plusieurs interviews réalisées lors des rencontres E-tourisme. Les spécialistes alors interrogés associaient quasiment tous slow tourisme et déconnexion numérique. Comme si, face à l’omnipuissance des grandes plateformes désormais non européennes, la seule solution ne pouvait consister qu’à renoncer. Comme si le combat de la civilisation digitale qui s’annonce était définitivement perdu pour ceux qui travaillent pour des solutions de type slow travel. Et si l’on faisait fausse route ? Et si au contraire slow tourisme ne rythmait pas avec déconnexion mais avec réinvention numérique ? Utopie ou vraie piste ?
Une typologie des initiatives slow tourisme
Pour examiner cette question, nous avons, dans un premier temps, identifié et analysé les offres slow tourisme de plus d’une centaine d’agences, de Tours Opérateurs, de prestataires et de professionnels du domaine. Nous avons pu ainsi construire une typologie des initiatives slow tourisme résumée ci-dessous.
Le constat se révèle sans appel. On observe bien une très forte croissance des offres et des initiatives de type slow tourisme. En matière de produits par exemple, agences, destinations ou offres associées rivalisent d’ingéniosité. Les exemples qui suivent le montrent clairement.
Il en est de même des labels, des chartes comme des organisations professionnelles associés où les initiatives foisonnent. Le tableau ci-dessous ne proposent que quelques exemples.
A la recherche d’un modèle slow tourisme
Sur ces bases, dans un second temps, nous avons esquissé un pré-modèle pour tenter de décrire, de manière simplifiée, les traits essentiels d’un projet slow. Il se construirait autour des cinq principaux objectifs synthétisés ci-dessous.
Même si cette première approche d’un modèle slow reste à affiner, elle révèle toutefois clairement la complexité de la période de transition que nous vivons. Entre la progressive remise en question du cycle de développement actuel et la recherche d’un nouveau qui reste à inventer dans les décennies qui viennent, on voit émerger, dans tous les domaines, de nombreuses tentatives et de nouvelles manières de faire.
Le tourisme s’affirme d’ailleurs comme l’un des domaines les plus exposés à ces processus. Plus que tout autre modèle tourisme précédent, le modèle slow tourisme demanderait-il donc plus de recours à des processus d’ingénierie, d’expérimentations, de formation et de coopérations, très largement d’ailleurs par-delà les seuls acteurs du tourisme ? On peut raisonnablement le penser.
Slow tourisme et numérique
Peut-on donc se priver de plusieurs des ressources, notamment numériques, autour desquelles se construisent les mondes de demain ? La déconnexion fait-elle solution par-delà les produits d’hyper niches ? Le mouvement slow ne serait-il pas plutôt une nouvelle illustration quant à l’urgence d’inventer une autre stratégie numérique avant, après et surtout pendant le séjour ?
C’est l’hypothèse que nous travaillons dans les expérimentations en cours. Il s’agit bien, par exemple, de maîtriser davantage et de mieux valoriser localement, dans les territoires de destination comme dans les entreprises touristiques, les leviers numériques qui dépendraient moins des algorithmes, des Edgeranks ou des data au cœur des modèles publicitaires des plateformes. Affaire à suivre mais définitivement slow ne rythme pas avec déconnexion.
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