Pascal EMOND – Directeur commercial de COVAGE- assistait à Ruralitic 2011 en compagnie de son DG Jean-Michel SOULIE. Covagese présente comme un opérateur national au service du développement local. Nous nous devions donc de profiter de cette opportunité pour en savoir plus quant à la stratégie du groupe. C’est la finalité de cette interview. Deux points me semblent notamment à retenir.
Le premier tient à l’adéquation entre la stratégie de Covage, telle qu’exprimée par un groupe car je connais mal sur le terrain, et les enjeux de développement territorial numérique. L’opérateur d’opérateurs COVAGE affirme qu’il a bien intérêt à voir se développer le plus vite possible des fournisseurs de services comme des services locaux. Pascal cite à ce titre l’exemple d’Angoulême où je pense que je vais bientôt aller promener ma caméra. Il y aurait donc convergence d’intérêt entre des opérateurs type Covage et des territoires voulant non seulement maîtriser leur devenir en matières d’infrastructures numériques mais aussi stimuler la création d’emplois et de ressources locales via le numérique. On aimerait que tous les opérateurs convergent avec cette position et surtout que les actions suivent.
Le second enseignement à retenir de cette interview reprend quasiment les mots de Pascal EMOND. Ce dernier confirme que l’enjeu n’est plus, dans un monde de plus en plus ouvert et concurrentiel, d’être seulement propriétaire et gestionnaire de réseaux « avec des clients captifs au bout ». La priorité est bien désormais de travailler les services. Pascal confirme d’ailleurs la prochaine arrivée des solutions de type TV connectée portées par des opérateurs qui pourraient jouer un rôle encore plus important. C’est le cas de Google TV et d’Apple TV. A quand donc des initiatives fortes en France dans ces domaines ? A quand la fin de la seule concurrence stérile par les infrastructures ?
Message spécial : Je vais bien sûr poursuivre la mise en ligne des interviews réalisées à RURALITIC 2011 afin, d’une part, de donner la parole à quelques-uns des acteurs du développement numérique et, d’autre part, de présenter leurs stratégies et leurs positions. Par-delà les simplifications parfois entendues, dans tous les bords d’ailleurs, si l’on veut avancer il faudra bien en effet dépasser les positions caricaturales pour rattraper le retard à l’allumage actuel. Ce mini campus en ligne de l’université d’été d’Aurillac tente fort modestement d’y participer par-delà toute posture dogmatique. A suivre donc.
Et bien j’espère que ce que veux ce monsieur ne se réalisera jamais:
Concentration du marché, Un seul fournisseur, procédures unique…. C’est iznogoud qui veux devenir calife à la place du calife.
Parce que ce genre de « process unique », c’est ce qui fait venir des équipes de paris pour percer des trous partout pour « simplifier le process » , plutôt que de signer d’innombrable contrats avec les collectivités pour l’utilisation des fourreaux.
C’est ce qui fait qu’on va signer un accord d’exclusivité avec tel et tel FAI pour maximiser le ROI à court terme, plutôt que de chercher à ouvrir le réseau (Il y a une contradiction dans les propos, d’ailleurs: Il se réjouis de l’arrivé sur les réseau de petits FAI locaux, mais cherche quand même à ce que les très gros viennent sur leur réseau. Or, les très gros ne viendront pas si le marché est déjà fragmenté via les petits FAI).
Mais ce qui m’embête le plus, c’est que ce genre de structure n’ira jamais dans les plus petits village, n’ira pas là ou le sacro-sain « process » ne convient pas ou n’est pas rentable, c’est à dire sur la plus grande partie du territoire géographique. Et ça, ça implique, encore , l’exclusion des petits villages ruraux.
Or c’est là ou justement, les collectivités locales sont fortes: Elles connaissent leur terrain, elles ont des équipes locales qui sont disponibles et parfois les infrastructures.
Si Covage trouve que son métier n’est plus intéressant, OK. Mais qu’il n’en dégoûte pas les autres 🙂
A l’heure actuelle personne ne maîtrise mieux le génie civil que les collectivités locales, tant en terme de pilotage de projets que de travail de terrain.
En leur ajoutant une compétence Télécom, elles pourraient créer une multitude de petits réseaux indépendants mais interconnectés qui permettraient, justement, à de petits FAI locaux et des FAI spécialisé de proposer leur services à un coût raisonnable: A l’heure actuelle, la seule « métrique » pour l’interconnexion à un réseau télécom, c’est le prix qu’offre France Télécom pour cette prestation… Et les RIP/DSP suivent, à peu de chose près, ce prix. Alors que ça pourrais être largement moins cher, en particulier si le coût était étalé sur 25 ans plutôt que 5 ! (comme les routes).
A terme, il devrais être possible qu’une PME puisse elle même, si tel est son intérêt, devenir opérateur Télécom, demander des adresses IP au RIPE et s’interconnecter directement au RIP du coin, et ce pour un coût raisonnable. Plutôt que d’être obligé de passer par un opérateur qui, parfois , ne lui apporte rien sauf des ennuis.
La conséquence c’est vrai, c’est qu’on aurais pas les mêmes FAI à Paris qu’a Aurillac. Et alors ? Il est temps de sortir du modèle captif du triple-play: Pourquoi je ne pourrais pas choisir mon fournisseur de TV indépendamment de mon fournisseur IP ?
On a l’impression que les opérateurs actuels veulent tellement faire du service que ça les ennuient profondément de faire de l’IP et de la plomberie réseau. Hey ! Personne ne vous retiens ! Lâchez le réseau, nous on s’en occupera…. 🙂
Il est sûr que le maître du bordel sera celui qui, à partir de son réseau de transport saura convaincre les réseaux locaux qu’il sert à s’interconnecter entre eux ; parce qu’il a une stratégie de puissance et que la puissance finit par gagner à long terme ; toujours (le long terme en matière d’internet, c’est cinq ans. J’ai cru pendant un certain temps (lorsque j’ai vu qu’il investissait dans un backbone un peu sérieux) que free aller jouer cette stratégie en proposant un boucle locale interconnectable clef en main : cela n’a même pas fait plof, free a perdu son génie comme le montre son investissement dans la Révolution. Je pensais que COVAGE aller s’y coller et rénégocier la DSP : cela paraissait cohérent avec une sortie tous les 7 km sur le backbone. Je crois aussi impossible de courir le lièvre du Retour sur Fonds Propres (ROE) et en même temps prétendre à une stratégie de puissance.
Je suis assez content qu’Obinou parvienne, par d’autres voies, à des conclusions identiques. Ceci dit, il y a trente nous étions la majorité à dire que DOS, c’était de la roupie de sansonnet comparé à CP/M de Digital Research : c’est pourtant DOS qui a gagné. Ce serait pas mal qu’un des sept RIP qui ont hurlé à la mort s’y jette si COVAGE abandonne.
Petite précision. Il semble que Pascal EMOND parle en fait dans son interview de WIBOX et non de WIZEO…
… Il y a trente ans … (mille excuse pour le mot resté dans le clavier)