Décidément, j’ai de plus en plus de mal à comprendre la position de l’Etat en matière d’aménagement numérique des territoires. Le (re)lancement de ce label zone d’activités THD, dont la blogosphère se fait l’écho depuis quelques jours, fournit un nouveau prétexte de s’interroger. Ce label, lancé en 2006, serait un moyen « d’éclairer les clients potentiels, en donnant « aux entreprises dans leur décision d’implantation une visibilité satisfaisante en matière d’accessibilité au très haut débit » et d’inciter au « pré-équipement en fibre optique des zones d’activité« . Bon… Quelques observations…
Eclairer les clients potentiels des ZA… Qui croit qu’une entreprise digne de ce nom va tomber dans ce piège à gogo ? Le label à ce jour ne dit rien des offres commerciales THD présentes. Il ne parle pas des délais de réalisation des infrastructures indispensables pour relier l’équivalent point de mutualisation en entrée de zone à ladite entreprise. Dit-il quel FAI est présent ? Dit-il le prix des Frais d’Accès au Service ? Dit-il les garanties de temps de rétablissement ?… OU alors ce n’est plus un label mais une offre commerciale contractuelle et alors dans ce cas les collectivités peuvent donc être FAI ? Chiche….
Les collectivités justement… Pour l’Etat ce sont vraiment des grands enfants. Il faut les former, les inciter, les sensibiliser… Une petite douceur ici, un label par exemple, une petite contrainte là, un Schéma d’Aménagement type SDAN, et hop elles ont le droit de casser leur tirelire pour aménager numériquement leur territoire. Etrange conception de la coopération ; une coopération dans laquelle un partenaire a le droit de payer et c’est presque tout et l’autre, l’Etat, de faire semblant.
Tout cela surprend. Mais gageons pourtant que le nouveau nouveau nouveau groupe / comité de pilotage présidé par la DGCIS, et composé de représentants de la délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar), du Centre d’études techniques de l’équipement de l’Ouest (CETE de l’Ouest), de l’Arcep, de l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca), ainsi que de représentants de collectivités (AMF, ARF et ADF)… fera le job et nous expliquera.
Déjà, pour Localtis, on connaît le tarif pour avoir le label… et bénéficier de cette fabuleuse « marque »
Après une expérimentation l’an dernier, le site présente le cahier des charges, le processus d’attribution, la constitution du dossier et le tarif pour l’attribution du label (de 1.000 à 1.500 euros HT par ZA). « Le gestionnaire s’engage à ce que la durée de la procédure d’attribution reste inférieure à un mois si le dossier de candidature ne nécessite pas des demandes complémentaires lors de son instruction », est-il précisé. Cinq zones sont déjà labellisées et cinq autres sont en cours.
Ils sont fous. Defferre réveille-toi… Il faut inventer la décentralisation numérique.
Si Defferre avait permis une décentralisation effective cela se saurait 😉
Blague à part, ce label peut être astucieusement« hacké ». Le règlement d’usage et la cahier des charges permettent de faire aux collectivités, bénéficiaires potentielles, de très astucieuses propositions. C’est en tout cas ce que je m’apprête à faire ce matin même pour le Parc d’Activités des Coustilles à l’attention de la Communauté de communes du Lembron – Val d’Allier.
La base de l’absurdité du processus est, tout de même, qu’à équiper une ZA en réseau de télécom (qui que soit le maître d’ouvrage), sera posée de la FO d’au moins 3ème génération (à 5 G/s potentiels de débit la paire), pas des ficelles avec des boîtes de conserve ou un téléphone militaire de campagne, modèle 39/45, en guise de réseau.
Il paraît extrêmement choquant que, après 40 ans d’utilisation de ces réseaux, ce soit toujours le modèle des réseaux de distribution d’eau, d’électricité ou de route qui formate le testou des différents intervenants dans le déploiement d’internet.
L’impasse de l’absurdité est partout : par exemple, à un moment donné, les limites déterminables d’un réseau wimax ou LTE, est la puissance de l’antenne émettrice. Combien de kw tu largues dans la nature ?